Le roi du désert

Surprenant David O. Russel. Je m’attendais à un film d’action hollywoodien tout couillon, avec pour cadre le bourbier irakien, et des héros américains, on en a vu mille. Et là il arrive à me bluffer. Car c’est politiquement correct, avec des stars, de l’action musclée, de la comédie, un humour potache, un rythme de divertissement, très dynamique, avec des couleurs qui bavent, ça en jette, d’accord. Graphiquement ça ressemble à une pub pour aller s’inscrire sur les listes de recrutement, d’accord. On a tout pour passer une bonne soirée de détente.

Mais quand on fait l’effort de bien regarder, c’est politiquement assez incorrect, avec des stars à contremploi, des soldats de l’oncle Sam qui se transforment en voleurs, puis déserteurs, et sans le vouloir vraiment, ils deviennent ensuite complices de la rébellion Irakienne, les vrais héros du film. On a une critique à peine voilée de la lâcheté américaine, une façon très moderne de montrer la guerre, avec la présence encadré des médias, complices, et cette journaliste qui se croit libre, mais qu’on utilise pour dire ou faire dire ce qu’on veut, c’est un peu chacun de nous devant sa télé, prêt à avaler ce qu’on lui dit.
En fait tout est truqué dans cette guerre. Russel le sait, fait exactement la même chose, sauf qu’à aucun moment il ne prend le spectateur pour un idiot, et c’est très rassurant, en plus d’être fun. La torture, la manipulation, la globalisation, Georges Clooney à contre-emploi, les Irakiens pas caricaturés, un humour vache, tout ça fonctionne tellement bien qu’on se dit que tout n’est pas perdu à Hollywood. La parodie réussie de tous les autres films « sérieux » faits sur la première guerre du Golfe, celui-là, à un second degré, et un décalage salutaire qui le rend meilleur que tous les autres.