Gag Martin.
Ce film est ce qu'on appelle une mise en abime. Inspiré lointainement de la vie de Jacques Martin (ce dernier n'a jamais caché avoir raté sa carrière de présentateur comique alors qu'il voulait être...
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Claude Zidi est un type capable du pire comme du médiocre. Mais à l'image des personnages du Roi du gag, j'ai toujours eu de la sympathie pour ce prolifique réalisateur de comédies bancales. Des films souvent anecdotiques, et parfois plus profonds qu'ils n'y paraissent. Un gars qui a connu de gros succès populaires (La totale, Ripoux contre Ripoux, Astérix, Les sous doués, les films des Charlots) et des ratages complets (Arlette, La boite, Promotion canapé...). Une riche carrière pour ce Gérard Oury du pauvre qui n'a jamais eu d'autre ambition que de faire des films marrants et un peu cons faisant le bonheur des chaines de télévision dans les années 80.
Avec Les Rois du gag, il s'attaque à un domaine qu'il connait sur le bout des doigts : Les faiseurs de gags merdiques. Des gag men du café théâtre qui crèvent la dalle aux grosses stars de la télé avec le personnage de Gaétan, inspiré à l'évidence par Stéphane Collaro et de son consternant Collaro Show.
Contraint de renouveler son équipe, afin de rajeunir les thèmes, Gaétan (Michel Serrault) engage deux guignolos de café théâtre (Lhermitte et Jugnot) pour l'épauler dans son show quotidien. Parallèlement à ces recrutements, le comique le plus populaire de France traverse une crise dans son couple. Sa femme (Macha Méril) s'est embourgeoisée au point de ne plus supporter ses gags déplorables livrés chaque jour en prime-time et qui lui valent l'ironie de son esthéticienne.
Qu'est-ce c'est con... mais marrant.
Ainsi quand le monstre sacré du cinéma d'auteur, le grand Wilson (mélange entre Orson Welles, Terrence Malick et Demis Roussos) se met en tête de le mettre en vedette de son prochain film imbitable, le monde du petit comique s'éclaire. Il retrouve enfin la considération de son épouse et commence à retrouver l'estime de soi. C'est la seule bonne idée du film, du moins la plus originale : Montrer ce blues propre aux comiques qui ne supportent plus de faire rire et qui rêvent d'être pris au sérieux. Bernard Campan, Marina Fois, Murielle Robin sont de belles illustrations de cette "pathologie" depuis des années. L'expression attitrée est de "faire son Tchao Pantin", en référence au film de Berri avec Coluche, qui est d'ailleurs présent dans les Rois du gag, en comique désespéré qui fait une prise d'otage quand il réalise que Gaétan a préféré engager ces collègues.
La plupart des comiques ressentent un défaut de respectabilité dans le monde du cinéma. Outre les récompenses dont ils sont systématiquement exclus, la large reconnaissance que le public offre aux comédies est "payée" par un mépris évident des professionnels. Alors qu'il est bien plus difficile de faire rire que d'émouvoir. Ce n'est pas un hasard si les grand comiques impressionnent si souvent dans les tragédies (Bourvil, Michel Serrault, Yolande Moreau, Michel Galabru, Jean-Pierre Marielle, Dujardin...) et que dans les même temps, les acteurs abonnés aux films d'auteurs sont incapables de provoquer le moindre rire quand il échouent par hasard dans une comédie (CF : Vincent Cassel, Mathieu Amalric, Isabelle Huppert, Catherine Deneuve...).
Quelques idées sur la genèse des sketchs donnent les meilleurs moment du film. Comment un comique s'efforce à tordre le réel pour en faire un matériel comique exploitable. Cette faculté à toujours tout tourner au ridicule est d'ailleurs une sorte de maléfice et une routine qui n'est plus vraiment amusante pour les premiers intéressés.
Le comique devient un boulot comme un autre, il faut débiter de manière quotidienne des kilomètres de vannes avec de moins en moins de conviction. Il n'y a jamais eu autant de Rois du gag qu'en cette période. Que cela soit en radio ou en télévision, des imitateurs, des chroniqueurs de talk show, les billets d'humeur, les youtubeurs, le secteur est surchargé de gens qui font les mêmes blagues sur les mêmes sujets, avec les mêmes visées.
Sans oser parler de film prophétique, il faut reconnaître qu'un projet qui traite du blues du comique est rare. Surtout quand les seuls essais dans ce registre ne sont proposés dans un but narcissique sans la moindre de once de recul (C'est tout pour moi).
Les Rois du gag est un film très anecdotique, mais il a le charme des nanars patinés par les années, et il bénéficie d'un casting magnifique.
Créée
le 6 mars 2019
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