Pour me nettoyer les esgourdes après dix-huit heures de Robbe-Grillet grotesque je misais beaucoup sur Raimu, Fernandel et Jules Berry déclamant du Henri Jeanson dans une comédie à l’ancienne où même le terrible accent marseillais devenait réjouissant à entendre en comparaison du baragouinage hideux d’un Giorgio Albertazzi en déroute…
Malheureusement, cette comédie gentillette sur deux garçons de café de la Canebière plongés malgré eux dans le monde sans pitié du sport à la suite d’un promoteur parisien à moitié escroc est loin de tenir toutes ses promesses. Déjà, on a connu Jeanson plus en verve pas grand-chose ici pour rajouter à la gloire du meilleur dialoguiste du cinéma hexagonal, en outre, si Raimu est toujours merveilleux à voir jouer et Berry égal à lui-même, je suis quand même beaucoup moins amateur du Fernandel de cette période et le préfère avec un petit peu plus de bouteille qu’avec sa mèche folle. Enfin, le rythme mollasson du film n’aide guère à apprécier les gags un peu lourdauds qui font surtout sourire par un côté sympathiquement branquignol qui n’est pas sans rappeler la bande dessinée de l’époque.
Mais malgré tout, l’ensemble se regarde sans déplaisir, même maladroit c’est un film déjà, et même un film parfois charmant, et incomparablement plus intelligent que l’ignominie à laquelle je faisais une référence dégoûtée en début de texte.