Les Salauds par pierreAfeu
L'expression "passer à côté" semble avoir été inventée pour Les salauds, tant le dernier film de Claire Denis nous échappe. La démarche artistique est là, sous nos yeux, mais on ne la comprend pas.
Extrêmement maîtrisé formellement, cadre, travail du son [jusqu'aux dialogues inintelligibles], images sombre, toujours, trop sombre, découpage millimétré, narration a minima, récit sordide, Les salauds baigne dès les premières images dans un climat glauque, poisseux, désagréable.
Si l'on comprend vite de quoi il retourne, on ne parvient pas à partager les états d'âmes de personnages opaques, dont les motivations [ou les non-motivations], à peine suggérées, n'arrivent jamais à stimuler notre intérêt. Non pas que l'on s'ennuie, ce serait plutôt comme si on participait à un dîner sans rien dans l'assiette, seulement alimenté par des conversations qui ne nous concernent pas.
Curieuses sensations donc que celles suscitées par ce film sans but, aux motivations à jamais obscures, Claire Denis semblant charcuter le sordide sans y prendre plaisir, jusqu'à une dernière scène aussi inutile qu'abjecte.
Chiara Mastroianni traverse le film avec grâce, un peu absente, comme si elle ne voulait pas déranger. Vincent Lindon marmonne, un peu perdu, pas vraiment là. On ne peut même pas dire que le film est raté, hermétique peut-être, dénué d'émotion, "bizarre"... C'est dommage de la part d'une cinéaste dont la démarche demeure digne d'intérêt.