J'ai vu les Schtroumpfs 2 le dernier jour de ma période de travail dans l'animation, en amenant les trente enfants dans la salle de cinéma où nous avons dérangé les autres dix minutes au début, dix minutes à la fin, où j'ai cherché à comprendre pourquoi ils riaient, où j'ai accompagné deux pauses pipi, mais où j'étais quand même content de voir pour une fois un film dont les affiches dans le hall de la gare Saint-Lazare me donnaient un avant-goût tellement ridicule qu'il en était désirable.
C'est un film pour gosses. tous les ingrédients sont réunis pour un film pour gosses, on ne peut pas crier dessus. Une présentation claire, qui joue en plus sur une mise en abîme bien trouvée et mature, grâce au Schtroumpf narrateur, un manichéisme on ne peut plus clair, une fin où tout s'arrange et où le pouvoir de l'amitié vainc la cupidité et la méchanceté, et bien sûr une morale omniprésente qui font que ma fille ne regardera jamais ça de sa vie. Mais ça marche, et ça en fait rire certains, après tout, ce ne sont pas mes enfants. Quelques moments ressemblent à une veine nanardesque, dans laquelle on peu voir un second degré qui m'a fait rire ironiquement, ne serait-ce que Gargamel sur la façade et la scène de l'Opéra Garnier, la page Facebook d'Azraël et la reconversion du sorcier en meme de Youtube, en passant par les plans de touristes émerveillés par les canailleries des Schtroumpfs à travers la ville lumière. On se dit qu'adultes, on a quelques petits trucs qui jouent sur l'époque du film auxquels se raccrocher.
Mais du reste, à part le jeu sur le Schtroumpf narrateur, ça n'a rien de subtil. Gargamel est hideux, il semble n'avoir aucune autre personnalité, il cabotine mais on ne voit pas si ça marche ou pas, ce n'est pas un bon cabotinage, et ça le catégorise directement comme un méchant de film pour gosses sans saveur et calqué sur n'importe quel modèle, sans stylisation, sans recherche. Le scénario est invraisemblable, les effets lumineux et spéciaux sont ridicules, et le scénario rocambolesquement exagéré pourrait donner l'impression que les créateurs ont pris de la drogue, mais il n'est pas assez barré pour cela ; il est extravagant pour épater les enfants, mais il n'est pas barré, pas subtil, pas recherché. Rien n'est recherché, on ne joue pas sur les mécanismes de ce genre de films, et la réalisation est nanardesque. Je ne parle pas du doublage, les scènes du monde réel ont une post-synchronisation qui dépasse l'entendement, effectivement, c'est dur d'entendre des gens qui bougent les lèvres mais ne produisent aucun son. Et en VF, le petit s'appelle Bleu. Ouais, Bleu. Je veux bien qu'en anglais, ça passe, Blue, ça se trouve dans Pokémon et je crois qu'on a bien compris que les Schtroumpfs sont bleus, mais Bleu, quoi. Faut bien que les gosses comprennent. Beaucoup de blagues pipi-caca, pas de travail sur la comique, pas de second degré ou d'autre lecture, à part, de temps en temps, des petits gags universels qui donnent le sourire aux animateurs sans qu'ils ne se foutent de la gueule du film, quelques moments " sympas ", sans plus. Mais du reste, c'est superficiel, ce n'est pas approfondi, c'est une des rares fois que je suis vraiment allé voir, dans ma vingtième année, un film qui ne paraissait pas jojo, mais c'est quelque chose à voir au moins une fois, et puis, ça fait rire des enfants. Ça n'a jamais été un mal.