Le film continue de travailler après la projection, et la banalité relative du propos, et son apparent petit théâtre miniature grisâtre, laissent place à de belles idées de mise en scène et à une atmosphère, un ton, finalement plutôt originaux.
Les secrets des autres c’est un film de famille mais c’est encore et surtout un film de fantômes. Les fantômes du passé : un avortement forcé, un père et une mère décédée, … Et les fantômes du présent : les membres de cette famille et leur ami évoluent comme des zombies sans communiquer.
Les personnages, qu’ils soient présents dans le plan ou en hors champ, qu’ils le pénètrent (l’arrivée de la sœur) et le fuient (l’ami de voisinage), sont tous absents. Ils errent, gris, ternes, dans un paysage, gris, terne, sous un brouillard épais. Des flashes back, des fragments, des souvenirs, comme des surimpressions, viennent recouvrir, par moment le présent, le noyant sous une couche trop anxiogène et dont on ne sait que faire.
Les personnages, entre eux, tentent de se rapprocher, échouent, tentent encore, jusqu’à la communion finale. Cette communion, cette séquence finale est superbe. Géniale idée de mise en scène qui redéfinit alors tout le film et lui donne une force que l’on ne soupçonnait pas jusqu’alors. Sans dévoiler son contenu, ce plan est une ultime surimpression, mais qui prend le contre-pied de toutes celles apparues jusqu’alors. D’une manière certes visuelle mais non moins émouvante et jamais factice, la communion entre passé et présent, le deuil, la relation avec les différents fantômes, la communication au sein de la famille, et l’ouverture au monde, tout se remet en place, petit à petit. Le plan se creuse et dans cette cuisine, symbole du lieu de vie familial, s’imbrique harmonieusement le passé, le présent, et le futur. Dans ce foyer terne, le brouillard se dissipe, la lumière revient éclairer le plan.