Mireille Darc a joué une douzaine de fois devant la caméra de Georges Lautner : on comprend bien que la "grande sauterelle" fascine le réalisateur français, et du coup il pense que cette fascination sera partagée par tous, personnages du film et public compris.
De fait, Mireille Darc propose une interprétation convaincante de Peggy dans "Les seins de glace", mais on a du mal à comprendre pourquoi deux types relativement sains d'esprit (campés par Delon et Brasseur) en arriveraient pour ses beaux yeux à un tel jusqu'au boutisme. L'amour fou. Admettons.
Le problème réside surtout dans le scénario et dans la gestion du rythme, puisqu'on finit quand même assez vite par tourner en rond dans ce triangle amoureux, dont les protagonistes ne bénéficient pas d'une profondeur psychologique extrême.
Claude Brasseur est le mec à la coule de ces années-là, grande gueule, rigolo et sentimental.
A l'inverse, Alain Delon campe un avocat cynique et coincé, qui semble faire la gueule en permanence, tourmenté et possessif. Au milieu, Mireille Darc donc, jeune femme blonde séduisante, aussi mutique que mystérieuse, dont apparaissent bien vite les fêlures psychiques.
Au final, "Les seins de glace" est une tentative maladroite de proposer un sombre thriller sentimental à la française, influencé par le giallo italien. Le résultat n'est guère palpitant, mais pas franchement désagréable non plus, grâce notamment aux superbes paysages de la Côte d'Azur en hiver.