Premier film sur la guerre de Stanley Kubrick, Paths of Glory ne montre pas pour autant les combats. En effet, le sujet n'est pas la dénonciation de la Première Guerre Mondiale mais plutôt la domination de la hiérarchie militaire sur les simples soldats.
Dans ce film du début de carrière du réalisateur au final assez peu prolifique, toutes ses qualités et défauts sont déjà présents. L'œuvre est efficace, simple, très bien construite et sert un message tout à fait juste. Pour autant, on peut déceler une certaine lourdeur dans l'approche de certains thèmes. Ce manque de subtilité aurait pu se justifier par le format relativement court du film mais au regard de la filmographie complète du réalisateur, il n'est pas certain que la durée du film soit vraiment la seule cause de ce manque de légèreté.
Comme dans presque toutes les œuvres de Kubrick, on retrouve un parallélisme important dans la construction du film qui renforce le message politique. Ainsi, pendant que les haut gradés de l'armée française sont nommés et sont logés dans une demeure luxueuse, les soldats sont dans la boue et seuls ceux qui vont faire l'objet d'un procès sont identifiés.
Pour renforcer la dénonciation de ce qui est l'une des plus grandes hontes de l'armée française pendant cette guerre, l'ennemi n'est à aucun moment filmé. De la première guerre mondiale, on ne retient qu'un soldat tué pendant une mission d'espionnage par son supérieur couard d'une part ; des hommes se jetant à plat ventre dans la boue pour sauver leur vie d'autre part.
Dans ce contexte, aucun héros ne peut émerger. Même l'idéaliste colonel Dax, joué par Kirk Douglas, ne peut modifier le cours des évènements. Son plaidoyer en faveur des soldats jugés ne laisse place à aucun doute dans l'esprit du spectateur : depuis le début les soldats sont condamnés. On peut même déceler un certain plaisir malsain du réalisateur à filmer l'impuissance de son personnage principal.
Sur le plan technique, les travellings dans les tranchées sont tout à fait marquants tout comme la dernière marche des condamnés est prenante. Pour autant, si toutes les scènes sont très bien filmées, on peut regretter un certain manque de variété.
La scène finale résume à elle seule le film. Les soldats sont d'abord décrits (excessivement et sans aucune subtilité) comme des être gouvernés exclusivement par leurs pulsions sexuelles puis la captive allemande commence à chanter Der treue Husar. La beauté de la chanson ainsi que l'union créée par la cantatrice auprès des soldats renforce le sentiment d'injustice présent depuis le début du film.
Si Paths of Glory n'est peut-être pas anti-militariste, tout du moins dénonce-t-il sans concession la stupidité et la lâcheté de ces parodies de cours martiales pendant ce conflit qui a suicidé l'Europe.