La première guerre mondiale. 1916, la bataille des tranchées. Kubrick met en scène l'armée française lors de ces sombres années de terreur et d'horreur humaine. Retranchés dans ces tombes ouvertes, trou de terres creusés pour se protéger qui au contraire, pour un grand nombre, se révélera être leur propre tombes. Ce sont ces soldats de France que nous voyons, ces êtres de chair et de sang qui affrontent un ennemi invisible, camouflé derrière coups de feu et bombardements incessants.
Kubrick prend pourtant l’initiative de montrer une autre facette de cette guerre, l'audace de montrer l'autre ennemi qui ne se trouve pas en face mais à l’intérieur. Ces hommes, confrontés au destin de leur temps, n'ont d'autres choix que de vouer leur corps à la nation, liberté perdue, droit devenu devoir. L'ennemi que Stanley pointe au bout de sa caméra, c'est le manque de compassion, l'absence d'empathie, la lignée de la grande famille militaire, héritage des glorieux et sanglants moments de l'histoire d'une nation embourbée dans une guerre atroce.
Ces anciens et nouveaux héritiers d'un état d'esprit archaïque , incarné par ce général Mireau et ce jeune militaire servant de juge, sont le symbole d'un déclinant ordre militaire, régissant les rangs de l'armée. Une vision barbare de la guerre, ou chaque soldat n'est qu'un pion devant remplir un rôle, celui qui lui est attribué. La raison disparaît, l'honneur s'impose comme le faire valoir d'action menées sans réflexion, en avant bataillon il n'y pas de victoire sans sacrifice.
Comment pourraient-ils comprendre ce que ressente ces hommes, quand la fureur de vivre ébranle chaque homme, quand on se retrouve face à la mort, on sait que ça va nous tomber dessus à un moment ou à un autre. N'est il pas légitime, normal, d'avoir peur ? Ces hommes qui ne voient que pour soleil de la poudre en lévitation , mêlée a ces éclats d'obus, cette poussière et ces gaz mortels les empêchant de respirer, lorsque pour seul soleil soleil on reçoit les gouttes rougeâtres de ses frères tomber et glisser le long de notre peau. Cette vision d'horreur c'est Kubrick qui la montre.
Quand l’insubordination, la lâcheté signifie le comble du déshonneur, l'homme doit faire face a ses actes. Pensée si détaché de l'homme, les codes et le prestige devient la mascarade d'une farce antipathique. Cette institution qui s’érige comme fierté d'un peuple fier de ses couleurs, n'est en fait qu'une tromperie, fruit de de la réflexion et perfidie de quelques anciens soldats ayants connus la gloire qui réfléchissent et ordonnent au nom d’intérêts personnels.
Cette chanson Allemande dans ce bar vient clore fermer la porte de la déraison, elle remet en place l'ordre des choses avec cette simple voix, puis ces hommes qui, à l'unisson, exprime une douleur trop difficile à décrire pour en parler avec des mots. C'est bel et bien l'ennemi qui réunit, chante au nom de la valeur de chaque homme, le prix de la vie. Gloire et prestige ne mène qu'a un triste sort, laissons tomber la fierté d'une vie qui n'a aucune valeur. La vraie gloire réside dans le courage de chaque homme et femme d'accepter d'écouter sa raison, sa voix intérieur qui nous dicte finalement le plus juste des chemins.
PS : Jamais une chanson Allemande ne m'aura fait autant savourer cette langue