J'aime bien Sorkin comme scénariste, mais alors ce film là qu'il réaliste lui-même, c'est vraiment pas bon... Bon déjà j'ai un problème avec la distribution avec deux acteurs que je déteste le plus actuellement à savoir Joseph Gordon-Levitt et Eddie Redmayne qui sont assez insupportables à jouer les gens "propres sur eux".
D'ailleurs dès le début Gordon-Levitt bien que procureur (et donc du côté de l'état dans le procès qui vise à condamner des manifestants contre la guerre du Vietnam) est montré comme un bon gars qui fait son devoir mais qui croit en l'innocence des gens qu'il doit condamner. Alors je ne connais pas la vraie histoire, mais j'ai trouvé ça d'une paresse terrible. Il n'a aucune ambigüité, il ne change pas, c'est un bon gars, il a le sens du devoir, mais on n'explore même pas le dilemme... Il est juste transparent.
Et sa tête de jeune premier n'aide vraiment pas à le considérer comme autre chose qu'une sorte de scout.
Malheureusement cet exemple est reproductible pour tous les personnages (enfin ceux qui existent, il y en a qui sont justes inexistants, on voit de temps en temps leurs têtes mais c'est tout), ils sont monomaniaques. Ainsi on se retrouve avec Sacha Baron Cohen en hippie excentrique qui provoque le juge (et qui n'apporte quasiment rien de plus)... Il vient faire le clown quoi.
Et que dire du juge est une caricature de juge malveillant.
En fait aucun des personnages n'existe vraiment, ils ont beau se chamailler un peu sur les différents types de révolution ça reste tous des patriotes américains qui ne proposent aucune réflexion vraiment profonde sur la société américaine et sur le pouvoir en place. J'ai l'impression que Sorkin a limité la critique politique a une forme de répression qui se fait par le truchement de la violence policière et d'un procès politique.
Mais c'est terrible parce que ça ne dit finalement rien, ça prend juste vainement position contre la guerre du Vietnam et les violences policières, rien de bien folichon ou qui ne fasse pas consensus. C'est un film sage et gentil comme les personnages de Remayne et Gordon-Levitt et donc insupportable.
Le problème c'est que le film a été tellement dépolitisé avec aucune critique réelle des institutions, du système politique tout traitant vite fait de sujets d'actualité (Black Panther, violences policières) qu'il en devient juste vain. On a à un moment donné un militant des BP qui se fait assassiner violemment, mais dans le récit de Sorkin c'est juste une péripétie, on ne s'y attarde, on ne s'y arrête pas, c'est rien, ça sert juste à entraîner plus tard un vice de procédure.
Ce n'est pas sérieux. Vraiment pas !
Sorkin voulait tellement faire un film dans l'air du temps qu'il en a juste oublié qu'il fallait un réel traitement politique et pas juste une suite de péripéties...
Quant aux dialogues, normalement point fort de Sorkin, je ne sais pas si c'est sa pauvre mise en scène qui n'arrive pas à suivre ou s'ils sont juste moins bons que d'habitude, mais clairement ils n'ont aucune profondeur, aucune puissance. Lorsque les accusés se retrouvent à dire "rejetée" à chaque fois que quelqu'un émet une objection car on sait par avance que le juge va rejeter l'objection, il n'y a rien qui se passe parce que la scène sert juste à faire cette blague.
Sorkin n'ose pas faire durer ses séquences, tout va très vite (et tout se ressemble un peu), alors qu'une construction plus audacieuse aurait été d'axer vraiment le film sur des moments précis du procès. Là il n'y a aucun suspens, on sait qu'ils vont perdre. Il n'y a aucune tension dans les échanges, ce ne sont même pas des joutes verbales. C'est juste rien.
Et le pire reste je pense la construction du film avec trois temporalités différentes avec le procès, Sacha Baron Cohen qui raconte le procès et des analepses racontant pourquoi ils sont jugés.
Mais en tombant dans le piège de l'analepse Sorkin enlève toute puissance au film. Tu prends un bon acteur et tu le fais raconter comment les policiers ont caché leur nom, leur insigne pour pouvoir les frapper sans avoir de répercution, tu prends un bon acteur (pas Redmayne donc), la salle (de cinéma et du tribunal) a le sang glacé. Tout ça grâce à la mise en scène et au pouvoir de la suggestion. Ici non, on a une pauvre séquence avec un filtre dégueu sur l'image qui dure 20s et c'est fini.
Sorkin n'a même pas repéré les grands moments forts de son récit, c'est une tragédie de voir ce film.
En fait au lieu de faire un vrai film de procès axé sur l'intelligence des dialogues, sur la tension avec un huis clos oppressant à cause d'un juge au jugement erratique on a juste une série de clins d’œils à la politique actuelle qui s'étale peu subtilement sur 2h10 (dieu que c'est long) sans aucun réel traitement politique, sans aucune remise en question des États-Unis...
Un film poli et chargé à blanc.