Il était inévitable que Les Sept Samouraïs d'Akira Kurosawa fasse l'objet d'un remake au milieu des vaches et des plaines désertiques du Far West. C'est donc sur la base d'un scénario ayant déjà fait ses preuves que John Sturges nous propose une histoire de cow-boys perdus et de fermiers mexicains. Évidemment, le remake ne résiste pas deux minutes à la comparaison avec l'original mais là n'est pas vraiment le propos.
Le film de John Sturges n'est pas pour autant dénué de qualités propres. Le technicolor permet d'apprécier à leur juste valeur les paysages qui nous sont offerts. Le réalisateur américain semble avoir globalement identifié les enjeux essentiels du film nippon et essaie de les introduire dans son propre récit en y ajoutant une part de mythologie américaine, ce qui n'est pas inintéressant. Surtout, le film se laisse regarder sans difficulté malgré de nombreux défauts évidents. Un plaisir coupable en quelque sorte...
Le défaut majeur demeure ce choix étrange de vouloir s'éloigner des codes classiques du western pour s'approcher de ce qui deviendra par la suite le western spaghetti. L'exemple le plus typique de ce échec est le personnage de Calvera, incarné par un Eli Wallach très rapidement insupportable à cause de son jeu surfait. D'ailleurs, tout dans ce western souffre de ce côté pompeux. La musique d'Elmer Bernstein, pourtant saluée par de nombreux spectateurs, est assez irritante et manque clairement d'inspiration. En plus d'être totalement inutile (et démontrer que John Stuges n'a pas compris la véritable force du film de Kurosawa), le souhait de développer maladroitement la personnalité de chacun des mercenaires vient rajouter à la lourdeur de l'action. Le pire d'entre eux est sûrement la doublure de Toshirô Mifune, Horst Buchholz, dont la romance avec une mexicaine certes jolie mais sans véritable intérêt finit par convaincre le spectateur du manque criant de profondeur du récit. De façon générale, les acteurs sont assez peu convaincants (même Steve McQueen qui va pourtant signer par la suite des rôles somptueux), la faute à un manque de dérision dans la réalisation et une définition des personnages qui se résume bien trop souvent à leur aspect physique.
On peut également regretter le manque de souffle global de la réalisation. La mise en scène est maîtrisée mais n'a strictement rien d'époustouflant et à la sortie des deux heures de projection, aucune scène ne reste vraiment en mémoire. A l'inverse, ce sont certaines images ou répliques solitaires qui viennent nous rassasier et permettent au film de justifier sa place dans l'histoire du western. Plus que les scènes de tirs, ce sont les épisodes démontrant la vie quotidienne au sein de cette misérable bourgade au milieu des rochers qui viennent nous combler.
Certainement pas un chef d'œuvre, Les Sept Mercenaires a tout de même le mérite de permettre à l'amateur de westerns de trouver son compte, dès lors que celui-ci accepte de débrancher temporairement son cerveau.