André Téchiné évoque l'existence des soeurs Brontë et de leur frère Branwell selon un point de vue et un style qu'on peut juger alternativement rébarbatifs et envoûtants...Cette dualité s'exerce tout au long d'un film ouvertement romantique, au sens le plus littéral du terme, exposant de façon lacunaire et elliptique les tourments existentiels et intellectuels d'une fratrie aux dispositions littéraires inégalement assumées.
La beauté formelle du film (la lande anglaise et la minutie des costumes et des intérieurs, tout autant que l'éclairage, le cadrage rappelant la peinture flamande) est à double tranchant, si je peux dire. Elle participe également, en effet, d'une mise en scène affectée et figée, prolongée par la composition des comédien(ne)s, le geste lent et compassé, l'attitude soumise empreinte d'une rigueur toute protestante qui culmine lorsqu'Anne et Branwell Brontë font office de précepteurs chez de sévères bourgeois méthodistes.
Dans ce film sans repère temporel ni géographique, on s'attache à quelques séquences quand prend forme une idée dramatique précise. Ce n'est pas toujours le cas parce que la personnalité intellectuelle et psychologique des protagonistes reste, en dehors du caractère velléitaire du frère, plutôt indéfinie.
La lenteur et le maniérisme du récit, son austérité, l'accablement ostentatoire des personnages procèdent d'un exercice de style irréaliste et d'une esthétique à l'intérieur desquels je n'ai pas trouvé forcément une matière dramatique intéressante ou émouvante.