Des mères de famille désespérées.
Après le triomphe critique et commercial de ses Mad Max, George Miller a carte blanche pour réaliser à Hollywood ce que bon lui semble. Il adapte alors un roman qui raconte l'histoire de trois femmes, très bonnes amies et que la vie les a rendues célibataires, jusqu'au jour où un don juan débarque dans un ancien manoir de la ville, et qu'il va se mettre à les draguer toutes les trois.
En l’occurrence, c'est un sujet en or pour Jack Nicholson, dont sa réputation de tombeur et sauteur invétéré a dû peser dans le choix de le recruter. Il faut dire qu'il est formidable dans le rôle du vieil séducteur, qui essaie de draguer la première des femmes (Cher) en lui parlant très crûment de ce qu'il lui ferait au lit. Tout le rôle n'est qu'un étalage de cabotinage où surnage par moments son fameux rictus diabolique ; à croire qu'il s'entrainait déjà à être le Joker !
Outre Cher, on y trouve aussi Michelle Pfeiffer ainsi que Susan Sarandon, cette dernière étant un peu plus mise en avant dans l'histoire. On note les apparitions de Richard Jenkins et l'hallucinante Veronica Cartwright qui, en voleuse de scènes, joue une démente qui prédit tout le temps le retour de la sorcellerie dans cette ville d'Eastwick.
D'une certaine façon, le film fait un peu penser à du Joe Dante, dans le côte blockbuster subversif (le côte cru de Nicholson), mais aussi une étude sur la place des femmes d'un âge avancé célibataires, et sur le machisme masculin. Mais tout ça est régulièrement balayé par la dimension fantastique qui parcourt l'histoire, et notamment par les quelques images de synthèse, qui furent parmi les premières au cinéma (la balle de tennis ou une chute de Susan Sarandon). Avec le recul des années, ils sont clairement voyants, mais il y a parfois une jubilation à aller dans le crado avec de telles techniques, comme ce mémorable vomi de noyaux de cerises d'une certaine femme.
Ça n'est peut-être pas aussi fou que je le pensais, ce qui apparait réellement dans la dernière partie, mais on passe un bon moment, et John Williams signe une superbe B.O., alors pourquoi hésiter ?