Je ne sais pas vous, chers amis cinéphiles, mais mon année 2015 versant cinéma se refusait à débuter.
Pris dans le tourbillon des évènements qui nous frappèrent tous, à nos cœurs défendants, j'étais devenu Charlie, mais aussi juif, musulman, flic( !), par dessus tout français et humain de toutes mes fibres, me rapprochant de mes congénères, de mes amis, de ma famille; resserrer les liens, resserrer les rangs, vivre le deuil et penser les évènements m'occupaient pleinement.

Je ne dis pas tout cela pour m' étaler, cher lecteur, je contextualise, nuance. Je veux dire qu' en sortant de la salle obscure( grotte où j'étais allé me réfugier ), je comprenais que sans le vouloir, j'avais choisi le film parfait pour me remettre en selle, et réaffirmer haut et fort la nécessité du cinéma.

Choisir, c'est vivre donc .
Choisir est aussi talent de cinéaste. Rouve ne commet pas l' erreur si communément répandue dans notre cinéma français de pondre tout seul une histoire avant de la réaliser; Il va la chercher chez un écrivain talentueux et dans l' air du temps, et il l' a retravaillé avec lui pour en faire un objet de cinéma et se l approprier pleinement, cela se sent.

En bon maquignon, il va aussi chercher des gens à tempérament, des gens vrais, je pense à Annie Cordy, Chantal Lauby, Daniel Morin ( oui le mec de France inter je l' ai reconnu cet "enfoiré" ) et Rouve himself dans un petit rôle touchant..
Rayon acteur de talent, le petit Spinosi est pas mal, Blanc fait du Blanc ( Lauby est la femme de tous les ex bronzés en ce moment au cinoche! ). Les acteurs de la TV comme on dit ( Lebghil, Lamy, Henriet, Gardin) dont il est lui même issu, assurent.

La direction d'acteur est vraiment de grande qualité pour ceux qui prêtent attention aux détails, mais là où le Rouve m'a vraiment épaté je dois dire c'est dans le travail de montage, avec un sens du timing qui a le goût du travail bien fait , il a su couper les scènes pour ne pas aller vers l’émotion facile, garder la distance de la pudeur, et ajouter sa patte d'humour allant franco dans l’absurde cher aux robins des bois: ..."bon alors je vous explique pour vous suicider, vous avancez jusque là et vous sautez, mais il faut faire attention car avec les vents contraires, vous tapez là et vous dégringolez en bas où vous allez avoir mal longtemps avant que les secours viennent vous chercher; il faudrait penser à prévenir votre visage que vous n'êtes pas dépressif car il est pas au courant lui..."

Grâce à cela, le film ne sombre pas dans la mièvrerie, tout le monde en prend pour son grade ou presque ( tu aurais pu aller un peu plus loin,, bousculer un peu plus certains personnages je crois...trop tendre mon cher Jean- Paul...)

Il réussit le bougre à ce que je sois Romain( écrire ou ne pas écrire un roman ), à ce que je sois sa grand-mère Madeleine ( me laisser aller à un enterrement en maison de retraite ou choisir de vivre libre même si c'est dangereux) ou bien son père Michel qui choisit pour les autres mais ne sait pas choisir pour lui même, un peu Karim qui choisit toutes les femmes et toutes les techniques pour les draguer car il ne sait pas qui il est, aussi Nathalie qui essaie tout pour faire réagir celui qu' elle aime, sans oublier le patron de l'hôtel.

Tout âge, sexe confondus, Rouve réussit le film qui unit, réconcilie, relie, recrée les liens, répare, tisse l'espoir sur le désespoir, le feel good movie parfait en écho avec ce que nous avons vécu.

Je lui pardonne pauvre pêcheur ses défauts véniels, certains personnages pas assez travaillés, des choix de musique trop faciles ou qui m' ont écorché les oreilles. Un excès de tendresse, un soupçon de laborieux qui se voit, de ci de là.

Ce Jean-Paul a beaucoup reçu et appris à donner; S'il ne sera peut être jamais un metteur en scène de génie, nous avons besoin de mec comme lui pour que notre cinéma populaire ait une âme. Merci mon gars.
PhyleasFogg
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le 25 janv. 2015

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PhyleasFogg

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