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(Vous savez, le P pour signaler du placement de produit)
Billy McMahon et Nick Campbell sont les meilleurs vendeurs de montres. Mais qui a encore besoin d'avoir l'heure sur son poignet quand on a des téléphones portables ? Leur société ferme et ils se retrouvent sans emploi. Puisque le futur c'est internet, ils décident de s’inscrire en tant que stagiaire chez Google. Sans grandes compétences techniques, ils vont devoir prouver que leur expérience peut apporter quelque chose aux autres membres de leur groupe, ces petits jeunots.
(Fin prévisible)
Vince Vaughn et Owen Wilson sont ces quadras un peu largués par les nouvelles technologies mais qui ont encore des choses à prouver. Les deux ont eu leur heure de gloire dans les comédies américaines la décennie précédente et ce film est aussi un moyen de montrer qu'ils valent encore quelque chose. Vince Vaughn a d’ailleurs co-écrit le scénario.
Le risque, quand on essaye de prouver qu'on n'est plus ringard, c'est d'enfoncer le clou. Soyons honnête, si le film ne vaut pas grand-chose, il reste comiquement délassant. Il aborde quelques thématiques telles que le reclassement des personnes plus âgées face à cette culture du numérique qui s'est immiscée partout. C'est là où le film réussit le mieux, avec cette génération plus âgée qui va démontrer qu'elle vaut encore face au jeunisme ambiant. Bien sur, comme la plupart des comédies américaines grand public, il s'agit d'aborder un thème sans le creuser.
Soit. On ne se posera donc pas vraiment la question du chômage ou de la précarisation de l'emploi. Tout va pour le mieux, quand on est animé des meilleurs sentiments, c’est aussi ça le rêve américain.
Mais le film exaspère surtout par sa présentation idéalisée de Google. L'entreprise où il fait bon vivre, bon travailler. La compétition est rude entre les stagiaires, mais ceux qui atteindront le sommet seront ceux qui auront l'esprit Google, forcément plein de bonnes intentions. Sans rentrer dans le détail de tout ce qui peut être reproché à cette entreprise, le film donne l’impression d’oublier que, justement, c'est une entreprise, qu'elle fait du chiffre. Il tente presque de nous faire croire à sa philanthropie. Si le film peut se moquer de cette ère du numérique et de ses usages, elle oublie de se moquer de Google. Il faut relever que l'entreprise avait un droit de regard sur ce qui se disait sur elle dans ce film. Une Google Car devait avoir un accident dans le film, cela ne fut pas autorisé.
Les stagiaires donne donc, en fin de compte, l'image d'un film promotionnel à grande échelle. C'est déjà agaçant quand on croise des produits Apple partout dans un film, c'est très irritant quand le film devient une ode à Google. Et puisque le film n'est guère original dans ce qu'il peut proposer d'autre, c'est l'image qu'on en gardera.
Shawn Lewy a réalisé les Nuits au musée, Vince Vaughn et Owen Wilson ont déjà joué ensemble dans Serial Noceurs, préférez ces films à celui-là, ce sont des comédies américaines sans prétention mais qui ne se voilent pas la face.