Billy McMahon et Nick Campbell sont deux vendeurs de montres d'expérience qui se retrouvent au chômage du jour au lendemain, après la faillite de leur entreprise. Sans aucune compétence en informatique, ils postulent pour un stage chez Google. Ils participent à une grande compétition où ils devront se faire une place.
Ce film est à l'image des stagiaires en entreprise : il est plein de bonnes intentions mais reste limité à servir des cafés. Les Stagiaires propose une idée originale fondée sur les temps modernes : l'insertion professionnelle d'hommes de la cinquantaine dans une société de nouvelles technologies qui redéfinit les conditions de travail. Ce choc des cultures intéressant entre la génération des années 1980 intriguée face à l'informatique balbutiante et celle des années 2000 biberonnée au tout numérique n'évite pourtant pas le stéréotype des « vieux cons » qui critiquent des jeunes hyperconnectés.
D'autre part, réaliser une comédie autour de Google semblait être l'idée de ce nouveau siècle. Malheureusement, le portrait est bien trop lisse et ne s'intéresse qu'à la façade de la multinationale, c'est-à-dire leur réputation de bon employeur privilégiant le bon vivre et recrutant davantage sur les compétences que sur les diplômes. Les nombreux challenges imposés aux candidats sont autant d'occasions de vanter les services de Google, en les présentant comme dans un télé-achat. Même le générique de fin est à l'effigie de Google : l'éloge est complet ! Le film est d'ailleurs conçu comme un film de sport – qu’affectionnent les Américains – où l'équipe serait Google, composée de losers magnifiques en qui personne ne croit, mais qui par leur bonne entente et leur cohésion arrive à triompher. En effet, qui aurait parié une pièce sur la réussite de leur entreprise à leur fondation en 1998 ? Les Stagiaires est tellement aseptisé qu'il pourrait presque paraître pour un film institutionnel où l'auto congratulation est permanente. Où est la critique sur les bugs informatiques, sur le vol de données, la catégorisation des utilisateurs d'après leur recherche, le référencement déloyal de sociétés partenaires, la multiplication des services par toujours plus d'applications, l'ultra domination des GAFA (Google – Amazon – Facebook – Apple) dans le marché des nouvelles technologies, la dépendance grandissante de la population au moteur de recherche ?
Quitte à ne pas citer Google, à ne pas tourner dans leurs locaux et à ne pas bénéficier de leur aide sur le tournage, il aurait mieux valu une comédie grinçante sur l'hégémonie de la société de la Silicon Valley. Cela provoque une vague sensation d'interchangeabilité entre le duo d’acteurs et le contexte narratif dans lequel il se trouve : sur le fond, très peu d'éléments modifiés entre Serial Noceurs (2005) et Les Stagiaires : un duo de losers se retrouve dans une situation problématique, ils devront affronter un adversaire direct (ici, Max Minghella, parfait en intellectuel hautain et insupportable), sans oublier une histoire d'amour complexe (qui passe dans ce film en intrigue secondaire, avec Rose Byrne, une actrice qui mérite mieux que ça), mais qui finira par un « happy end » où les méchants deviennent gentils (le directeur de séminaire avoue qu'ils croyaient en eux depuis le début) ou se font punir (un violent coup de poing dans le ventre pour l'intello). Mais ce n'est pas si étonnant : le réalisateur Shawn Levy connaît bien le Frat Pack puisqu’il a mis en scène La Nuit au musée (2006) et La Nuit au musée 2 (2009) avec Ben Stiller, autre membre d'un autre duo avec Owen Wilson, qui a un second rôle dans ces deux films – et a produit Voisins du troisième type (2012) toujours avec Ben Stiller et cette fois-ci avec Vince Vaughn. Ce dernier est d'ailleurs le coscénariste des Stagiaires !
En dépit de l'humour brouillon du début du film où les personnages ont du mal à s'accorder et de plusieurs faux pas (la scène de la boite de nuit, les leçons de morale données aux jeunes… ), le tandem marche encore mais n'arrive que trop peu à transposer le côté « sale gosse » de Serial noceurs : les apparitions de Will Ferrell en vendeur de literie tatoué et Rob Riggle en gérontophile ignoble rappellent ce bon vieux temps, pas si lointain. C'est avec un goût amer que l'on retrouve nos deux compères comme l'on retrouve des camarades de classe trop changés… ou pas assez !