La carrière de Jack Smight me rappelle un article fameux de la critique américaine Pauline Kael. Elle explique en gros que les producteurs n’aiment pas les artistes, moins il y a d’audace et de personnalité dans un film, plus le financement sera rassurant. D’où les conflits perpétuels avec des cinéastes comme Sam Peckinpah ou Robert Altman, et des carrières improbables comme celle de Jack Smight, réalisateur obéissant qui nivèle par le bas tous les bons scripts, tous les projets originaux dont il a eu la charge. A son crédit on pourra tout juste sauver « Le refroidisseur de dames » (1968), « La balade du bourreau » (1970), mais que dire de son adaptation plate et molle de « l’homme illustré » (1969) de Bradbury ? Quant à sa « Bataille de Midway » (1976) elle ferait passer celle de Roland Emmerich pour le l’art et essai.
« Les survivants de la fin du monde » (1977) se laisse regarder car c’est un petit post-apo sans prétentions. Je l’avais découvert grâce à l’émission Temps X dans les années 70, ils avaient diffusé un extrait où l’on voyait un jeune homme à moto slalomer parmi des scorpions géants, gamin j’avais été impressionné mais en vérité la séquence est bien anecdotique. Le film tient plus grâce à son travail original sur les effets visuels, les tempêtes magnétiques post nucléaire on une belle allure et crée une drôle d’ambiance. Pour le reste rien de bien original, nos survivants affrontent des rednecks radioactifs, des cafards carnivores pour finir par trouver une oasis d’humanité lors d’une fin honteusement bâclée.
Côté casting George Peppard se la joue décontracté, Jan Michael Vincent est crédible en jeune chien fou. Plus étrange la présence de Dominique Sanda, actrice que l’on avait l’habitude de voir chez Bresson ou Bertolucci, du cinéma d’auteur européen exigeant. Ici elle ne passe pas le « test de la lampe sexy » (remplacer un personnage féminin par une lampe, et voir si l'histoire en est modifiée). Surement une histoire de cachetons…
Finalement on a une petite série B kitsch pas désagréable mais loin de faire un classique du genre