Dans ma lancée sur le cinéma de Chaplin, je continue avec Les Temps modernes après avoir vu Les Feux de la Rampe (Limelight). Deux oeuvres très différentes: Les Temps modernes (1936) est une comédie burlesque muette mettant en scène pour la dernière fois le personnage comique de Charlot ; Les Feux de la Rampe (1952) est une comédie dramatique parlante avec un Charlie Chaplin qui n'est plus comique, mais presque tragique dans le personnage qu'il incarne.
En tout cas, dans Les Temps modernes, on rit de bon coeur, on ne va pas se mentir. Il y a toujours beaucoup de finesse dans l'humour de Chaplin, aussi pourrait-il ne pas plaire à tout le monde. Cependant, ce n'est pas seulement l'humour qui a inscrit Les Temps modernes dans les annales, mais aussi et surtout son arrière-plan socio-économique, sa satire du progrès technique et de la quête de la productivité. Qui ne se souviendra pas de Charlot dérivant dans les engrenages ? De Charlot voulant frénétiquement déboulonner tout ce qui lui tombe sous la main ? C'est bien trouvé, c'est drôle, c'est intelligent.
Cela dit, le contexte social n'occupe qu'une partie mineure du film (20 minutes au début du film, dans l'usine automatisée), les sketchs suivants se déroulant dans des milieux variés, dans d'autres lieux de travail, dans un grand magasin, en prison, dans une petite maison, dans un cabaret ... ce qui me laisse penser que le film ne doit sa célébrité qu'à quelques scènes cultes (notamment celles des engrenages et des boulons), et non à un ensemble construit sur toute sa durée. Car Les Temps modernes, aussi brillant qu'il soit, est une série de gags avant d'être une histoire.
En fait, le film ne doit pas son unité à son scénario, mais au personnage de Charlot, toujours identique à lui-même dans sa maladresse et dans sa bonhommie. Et peut-être aussi à une chanson finale culte chantée en charabia. Quelle belle manière d'annoncer l'avènement du parlant !