Julia est une nomade contemporaine, ballottée entre hommes (violents, lâches, dépassés, incertains), petits boulots, villes et désirs fugaces ou indéfinis, refoulés ou abandonnés face à la surcharge.
Et ses enfants, bien sûr, chevillés au corps, et dont elle ne veut que le bonheur.
Dans ce quotidien semé d'embûches, Jaime Rosales autorise à son personnage attachant (très convaincante Anna Castillo !) des respirations salvatrices. Les malheurs sur le chemin de Julia (qu'elle subit, s'invente ou se créée, dans tous les cas attendus et sentis) sont contrebalancés par de constants moments de vérités : des jeux d'enfants, des balades à la plage ou en forêt (et pas en montagne), des cigarettes échangées, des soirées en famille, socle immuable réconfortant vers lequel elle revient souvent.
Réaliste dans ses dialogues et son intrigue, Les Tournesols Sauvages s'éloigne de tout misérabilisme pour toujours chercher la lumière et rester digne face à la gravité de son sujet.
Jaime Rosales ne révolutionne rien avec ce film, mais, tout en vastes ellipses maîtrisées, portraitise une jeunesse espagnole (un sujet de plus en plus fréquent décidément) en quête de stabilité dans ce maelstrom d'émotions de désirs et d'individualités antinomiques.
Pour finalement, en toute simplicité, sans optimisme ni pessimisme, et de façon horizontale, montrer l'évidence : les compromis nécessaires pour trouver cadre, équilibre et bonheur tant recherchés.
Comme un selfie tourné droit vers l'avenir.