Transformers, c'est bien connu, c'est une de ces licences dont l'intention principale c'est de vendre des jouets transformables. Quand on confie ça à des scénaristes qui ont pour job de créer une série et tout un univers autour de robots-véhicule, ça crée un couac.
Dès les premières images du film on est un peu dubitatif : quoi ? Une société peuplée d'individus non-organiques ? Qui les a construits ? Pour quelles raisons ? Et pourquoi ils ont des gosses ? Comment ça se fait que cette société de robots se comporte exactement comme une société humaine ?
Voyez le truc ? Dès le départ on a des incongruités que le script ne prendra même pas la peine de justifier.
Donc, pour son premier film cinéma, les Transformers vont utiliser l'archétype de l'ennemi bien plus puissant que les Decepticons histoire de se donner plus de grandeur : le méchant c'est une giga-planète mangeur de mondes !
Galactus vient d'appeler ses avocats.
Ça se voit que les mecs ont foutu du fric dans ce film, en plus d'avoir confié l'animation à un studio japonais plutôt solide - oui avec quelques difficultés à animer les robots mais des passages assez impressionnants - et des décors très jolis, ils ont engagé divers acteurs stars comme Leonard Nimoy, Eric Idle, et surtout Orson Welles ce qui n'aura échappé à personne par ici. En plus de ça, ils ont mis Vince DiCola à la musique qui nous gratifie de variations du même thème plus une bande-son de tubes pop des années 80 en incluant le fameux Touch, et aussi... Dare to be Stupid du parodiste Weird Al Yankovic.
En un mot comme en cent, c'est un gloubi-boulga d'ajouts bordélique qu'on a parachuté sur un petit film destiné à vendre des jouets afin de le gonfler suffisamment pour le vendre au cinéma. Ça ne cache pas le script complètement raté qui oscille entre moments très sombres et choquants comme la mort d'Optimus Prime - la figure principale des deux premières saisons de la série jusque là - et d'Ultra Magnus démembré en mille morceaux, à des délires légers avec une civilisation de robots qui parlent comme des publicitaires de télévision, le salut universel ou le vieux soldat qui ne peut pas s'empêcher de raconter ses souvenirs à n'importe quelle occasion, plus dans le style de ce qu'était (au moins de loin et selon certains témoignages) la série. La double chaise entre lesquelles hésite le postérieur se film est très bien résumé par les "dents" d'Unicron dans cette première scène qui s'affuble d'un bruit de "crouic" cartoonesque, belle façon de foutre en l'air l'imposante carrure d'un dévoreur de mondes.
Hé, l'idée générale est intéressante : on parle d'Hot Rod, jeunot tête brûlée, qui par excès de bravoure provoque (provoque ? Est-il responsable ? Ce truc à déclenché des guerres d'argumentation entre les détracteurs et les défenseurs de Hot Rod !) la mort d'Optimus Prime sans réaliser encore qu'il est son futur digne successeur. Admirez le potentiel de l'histoire épique, celle d'un homme qui doit passer outre la culpabilité d'avoir tué (qu'il en soit réellement responsable ou non, restons neutres sous peine de s'en prendre plein la gueule) sa figure paternelle, les reproches que son entourage lui feraient, pour devenir le chef qu'il est au fond de lui et mener les Autobots à la victoire contre Unicron. En lieu et place de ça, le film choisit de balancer Hot Rod sur une planète à la con complètement déconnectée de l'intrigue où il rencontre un tribunal expéditif, et le personnage reste simplement générique. Et puis il y a Megatron qui se trouve forcé de devenir l'esclave d'Unicron, et qui malgré ses velléités de rébellion n'est que condamné à être le bras armé du monstre qui à terme détruira sa planète natale, idée qui ne bénéficie d'aucun réel développement ni de conclusion parce que le scénariste ne sait pas y voir autre chose qu'un méchant très méchant.
Et puis il y a cette belle et grosse incohérence : Optimus Prime blessé, il crève. Ultra Magnus est démembré en petit morceaux ? Pas grave ! Un peu de colle UHU et il sera comme neuf !
C'est clair, le film n'en a rien à foutre, il balance des trucs sans trop s'y intéresser avec une désinvolture olympique.
Transformers le film n'est rien de plus qu'un nanar animé, d'autant plus qu'il est gonflé par d'énormes moyens, mais toute cette musique pop très datée, cette armada de voix célèbre, cette sortie cinéma en grande pompe n'est qu'un ajout superficiel calqué après coup sur une simple pub pour jouets d'une heure vingt qui ne sait proposer que le vague embryon d'un scénario. Cette débauche d'entourage qui se voulait prestigieux ne rend que l'échec du film d'autant plus cuisant. Et puis quelle idée d'utiliser du Weird Al dans un film aux proportions épique franchement ?
Alors voilà, c'est un film sur lequel j'aime parfois revenir parce que j'aime bien la musique aux synthé de Vince DiCola - laquelle fut reprise pour deux morceau dans la version C64 de Turrican bizarrement, et l'animation qui a deux ou trois moments de bravoure.
Mais tout de même j'aimerais bien qu'un jour quelqu'un écrive l'histoire d'Hot Rod correctement. Non mais franchement !