Après avoir passée une enfance sous l’Occupation, les jeunes germanopratins des années 50 ont, en plus d’une indéfectible envie de liberté, pour principe de ne plus se faire dicter des règles, à commencer par celles de leurs parents. C’est dans ce contexte que Bob, fils de bonne famille du 16e, rencontre Roger, jeune loup du 6e. À Saint-Germain-des-Prés, Roger emmène Bob aux soirées les plus débridées où, un demi-siècle avant American Pie, les chambres servaient déjà d’éclipse propices aux plaisirs charnels. Bob rencontre Mic, ils tombent amoureux mais sont trop fières pour se l’avouer. Dans le jeu de la vérité ils trichent sur leurs sentiments, clamant haut et fort qu’ils rejettent le mariage pour une vie volage, des convictions dans l’ère du temps qui prend le pas sur leurs réelles envies.
Les Tricheurs n’est pas le film le plus connu de Marcel Carné, ni même son plus mémorable. Il est néanmoins empreint d’une certaine fraicheur tout en abordant des thèmes graves. Le cinéaste réalise un film osé pour son époque, n’hésitant pas à aborder de plein fouet la sexualité, tout en évoquant l’homosexualité. Les Tricheurs nous emmène du rire aux larmes tout en tirant un portrait passionnant de cette jeunesse parisienne des années d’après-guerre. Le très jeune Jean-Paul Belmondo y fait une délicieuse apparition dans cette œuvre injustement méconnue de Marcel Carné.