Vu au début de l'école primaire, et résultant en une longue séance de questions après le film pour dédramatiser les scènes "dures" qui confirment : malgré son aspect de film d'animation, Les Triplettes de Belleville ne convient pas aux plus jeunes... Ambiance terne et lugubre, (très) dure réalité des paris sportifs, exagérations glauques au possible (les cyclistes enfermés dans une cave humide et sombre, enchaînés comme des chiens et maltraités, cauchemardesques...), tout est fait pour être un chef-d’œuvre d'animation sombre et pessimiste, mais magnifique d'inventivité. Pas de sentiments-guimauve comme la plupart des grandes productions animés nous en servent en masse aujourd'hui, les sentiments sont volontairement froids ou violents, ce qui classe Les Triplettes parmi les OVNI animés intelligents tels Valse avec Bachir ou Perspolis (même s'ils sont bien différents les uns des autres). Un graphisme irréprochable de réalisme, des idées lumineuses et des séquences dérangeantes à souhait, même davantage que certains films d'horreur (!) : il faut soutenir la course des cyclistes à la fin où certains sont abattus froidement comme des chevaux blessés juste bons pour l'abattoir... Parfait pour les adultes et plus de dix ans, mais auparavant vous risquez quelques belles frayeurs. Un film glauque, dur à soutenir par moments, mais ingénieux et réaliste dans la cruauté de la vie. Un coup de maître.