Je garde de ce film le souvenir flou d'un cauchemar. Muscles disproportionnés, maigreurs effrayantes, pauvretés crasses, vies grises, mornes, ennuyeuses, rythmées par le sifflement déprimant d'un train de banlieue ou le grincement répétitif et rouillé d'une roue de vélo, le tout agrémenté de musiques grinçantes et de la disparition d'un (grand) enfant ( qu'il est malaisant aussi, ce gamin-adulte qui vit avec sa grand-mère une caricature d'enfance sans fin !) : rien de très joyeux, donc, surtout pour la gosse que j'étais au moment du visionnage. Certaines séquences sont très angoissantes, et la pathétique scène de music-hall de pacotille des vieilles starlettes de Belleville, sensée être tordante, provoque encore chez moi une dérangeante sensation d'embarras... Augmentée encore par l'incapacité des personnages à articuler d'autres sons que des onomatopées indistinctes, alors même que l'animation ne les rend volontairement pas expressifs (ils sont lents, cernés, courbés ...)
A ne pas voir trop tôt, peut-être, et à ne regarder en aucun cas une après-midi pluvieuse d'un jour morne et gris d'automne, sous peine de faire naître une irrépressible envie de vous défenestrer.
(notons par ailleurs que Chomet s'est allégrement servi dans un album de Nicolas de Crécy - sans l'accord de celui-ci - non seulement pour écrire son scénario, mais aussi pour créer l'univers TRES particulier - on le saura - des Triplettes. Un procédé un peu douteux, non?)