Didier,Pascal et Bernard sont des parisiens qui n'ont pas connu leurs parents mais sont issus de la même mère,qui les a abandonnés à la naissance.Cette dernière,chanteuse à succès aux Etats-Unis,les a eus avec des pères différents.Comme elle vient de mourir,un notaire convoque les frangins,qui ignoraient leurs existences mutuelles, afin de liquider l'important héritage auquel ils ont droit.Sauf que pour des problèmes de délais ils ne vont rien toucher et se retrouvent même à devoir régler des frais énormes.Leur situation financière,qui n'était déjà pas brillante,va s'effondrer et ils sont contraints de vivre ensemble dans l'appartement de Pascal,le seul qui ait un emploi stable.Ca se complique encore quand ils récupèrent Michaël,un gamin de sept ans dont Didier vient de découvrir qu'il est le père.Ce premier film des Inconnus restera leur plus grosse performance en matière de box-office.Le trio avait déjà été réuni dix ans plus tôt dans "Le téléphone sonne toujours deux fois",mais c'est Jean-Pierre Vergne qui réalisait alors que cette fois Didier Bourdon et Bernard Campan sont au scénario et derrière et devant la caméra.D'ailleurs au moment du "Téléphone",ils ne s'appelaient pas encore les Inconnus et ils étaient cinq,se produisant sous le nom "Les 5 du Théâtre de Bouvard",en référence à l'émission télé qui les avait révélés.Cet épisode leur a du reste valu un procès de la part de Philippe Bouvard,producteur et animateur du show,qui n'était pas content qu'ils aient utilisé son nom sans l'avoir consulté.Entre-temps Smaïn et Seymour Brussel ont quitté le groupe pour tenter l'aventure solo,avec une certaine réussite pour le premier,et les trois gugusses restants sont devenus des stars de la scène comique,au point que Claude Berri et Paul Lederman produisent ce passage au grand écran.Le point de départ de cette histoire,trois mecs vivant ensemble dans un appartement qui sont obligés de s'occuper de l'enfant de l'un d'eux,dont il ignorait l'existence,parce que sa mère,hôtesse de l'air,est en déplacement,semble plagier joyeusement "Trois hommes et un couffin",énorme carton de 1985.Heureusement les développements du script vont nettement s'en démarquer ensuite,le film trouvant sa propre identité.La première partie est un régal,le rythme est soutenu,les gags se multiplient,les répliques cultes fusent et la satire sociale fonctionne à plein régime avec cette description d'une France déjà sur une bien mauvaise pente en ce milieu des nineties.Les gars sont antipathiques au possible et les galères qu'ils enchaînent ne portent même pas à les plaindre,bien qu'ils aient des excuses.Orphelins,abandonnés,habitués à vivre d'expédients,ils voient en plus se dérober la fortune qui pourrait les sauver,et chaque fois qu'ils ont une occasion de se refaire quelque chose vient leur remettre la tête sous l'eau.Malgré tout ils parviennent à fonder une sorte de famille autour de ce petit garçon qu'ils cherchent à protéger,ce qui va aussi se retourner contre eux.Hélas,tout se casse la gueule dans la deuxième moitié du film,quand ça se barre en road movie erratique.La cadence chute,l'humour plonge et on doit se fader une suite décousue de sketches ratés où l'on voit les olibrius se livrer à toutes sortes d'arnaques pour survivre tout en se dirigeant vers le Sud pour y retrouver la maman de Michaël.Les scènes sont lourdes,mal écrites,surjouées et l'histoire finira par sombrer dans la mièvrerie.Dommage,parce que ça partait bien.Les trois lascars font des numéros mémorables,avec un Didier Bourdon impérial en abruti égocentrique,violent et profiteur,un Bernard Campan très drôle en baltringue mythomane toujours en quête d'un endroit à squatter et un Pascal Légitimus d'une belle justesse en type trop gentil tentant en permanence d'arrondir les angles.Le petit Antoine du Merle est épatant en gamin déluré,mais il ne fera pas une grande carrière pour autant.La théâtreuse Anne Jacquemin apparait pour la première fois au cinéma à 32 ans et on comprend pourquoi vu sa mollesse et son constant sourire niais.Plein de seconds rôles savoureux viennent prêter main-forte,notamment Bernard Farcy et Elie Semoun en entrepreneurs dont la coolitude affichée dissimule une cupidité écoeurante,Henri Courseaux en notaire faux-jeton brutalisé,Jacky Nercessian qui anime la Roue de la Fortune,Albert Dray en camelot de marché,Silvie Laguna en voisine intriguée,et le couple de cafetiers Bruno Lochet-Yolande Moreau,tout droit débarqué de chez les Deschiens.