Nous voici en présence d'un grand classique du film d'aventure à gros budget tel qu'on pouvait en réaliser dans les années 30. L'accent a été mis sur les extérieurs spectaculaires alors que beaucoup de films à cette époque se tournaient en studio, et sur les costumes superbes afin de magnifier le prestige et l'héroïsme britanniques.
Mais Hathaway a joué sur d'autres éléments : au départ, les lanciers sont des individualistes et des têtes brûlées, il a su les rendre sympathiques et attachants en développant une ode à l'amitié, une complicité virile et une belle aventure humaine, de même qu'il n'émet pas de jugement ni ne condamne le lancier qui trahit sous la torture. La propension des Britanniques à vouloir toujours conquérir des territoires, un peu comme le faisaient les Romains de l'Antiquité, en méprisant les peuples autochtones, est certes laissée un peu de côté, Hathaway privilégie l'aspect grande aventure et les exploits héroïques.
Le film eut un énorme succès, il reste d'ailleurs le modèle du film colonial qui sera maintes fois imité, en utilisant souvent le décor des Indes et l'hégémonie anglaise, on verra en effet la Charge de la brigade légère en 1936, Gunga Din en 1939, puis dans les années 50, Capitaine King en 1953 et la Révolte des Cipayes en 1954... Gary Cooper qui était déjà une grosse vedette de la Paramount, vit son prestige grandir grâce à ce film, il a d'ailleurs été préféré par le studio à Cary Grant, et se trouve bien entouré par un cast très homogène aux rôles bien distribués : Franchot Tone, Richard Cromwell qui sont les 2 autres lanciers, Charles Audrey Smith en vieux commandant de garnison et habitué de ce type de rôles, et dans les rôles ethniques, Douglas Dumbrille, Akim Tamiroff, John Carroll Naish et Noble Johnson, familiers eux aussi de ces personnages d'autochtones cruels ou perfides tels qu'on les percevait à cette époque. Un beau film d'aventure à l'ancienne, grandiose et trépidant, qui malgré un petit côté obsolète, peut faire encore vibrer le cinéphile passionné.