Un film de producteur façon résumé de profil Annabac sans vision ni bon gout

Sans surprise le film est un projet de producteur avant d'être un film de cinéma.

Une entreprise qui cherche à vous amener en salle mais à aucun moment pour vous y raconter quelque chose.

Une entreprise de production à la Marvel assumée

Le film déroule bien entendu les étapes bien connues de l'histoire culte façon "profil Annabac" mais sans questionner ni vous faire ressentir quoique ce soit.

De cette grande fresque épique sur le déclin de la chevalerie il ne reste ici qu'une entreprise assumée de production à la Marvel. Avec sa musique d'un sous Hans Zimmer période dark knight, un cliffhanger de fin ridicule digne d'un feuilletonTV des 90's  et une scène post générique vaine et racoleuse à l'appuie, on nous sort toute la panoplie du blockbuster forceur par excellence. Tout du long, on a le sentiment désagréable d'observer un benchmark qui va cocher les cases d'une adaptation factuelle mais dénuée de propos. Un amoncellement de choix tactiques plutôt qu'artistiques en vue de "dé-risquer le projet".

Et pourtant, "ça se tient"

Et pourtant, malgré ça, le film se tient bizarrement à peu près et ne manque pas de bonne volonté.  Déjà, il a pour lui des acteurs qui font tous le taf. Malgré une écriture absente qui les privent d'arc narratifs et de personnages correctement charactarisés à jouer et nous d'un minimum d'engagement émotionnel au passage. Pourquoi ces 3 puis 4 soldats sont ils amis ? Pourquoi se battent-ils et pourquoi continuent-ils de se battre dans cette époque trouble ? Balec' y a les grandes étapes du livre à dérouler jusqu'à la coupure forceuse pour créer un semblant de suspense jusqu'à la partie 2.

Ensuite il a aussi pour lui - et contrairement à Marvel pour le coup - d'avoir tous les techniciens du cinéma français présents derrière la caméra pour faire du bon job. Pas de fonds verts ni de CGI produite à la chaine, pour une fois on est pas devant un film d'animation déguisé. Ici, que ce soit aux décors, costumes, accessoires... la thune se voit à peu près à l'écran. Dommage que le cadrage sans audaces ni ambitions narratives et surtout le mauvais goût de la direction générale viennent gâcher le savoir-faire des artisans impliqués.

Car oui, avec la laideur d'une photo sépia ringarde, la platitude des scènes d'expositions sans souffle et surtout la bouillie des scènes d'actions en plans séquences caméra à l'épaule et drone au bout des doigts, on penche souvent la tête en faisant la grimace devant l'écran.

Une action laide, illisible et vide de tout sens ni enjeux.

L'action, parlons-en un peu plus tiens. Amoureux d'aventure épique, de cascades à taille humaine et de duels de capes et épées haletants, passez votre chemin : vous ne comprendrez rien et donc ne ressentirez rien. Le choix revendiqué d'une action voulu " immersive" fait au final surtout un cache misère pataud, qui n'iconise jamais ses personnages de mousquetaires et leurs faits d'armes.  Il en résulte une action brouillonne, interchangeable d'une scène l'autre et dénuée d'enjeux faute de lisibilité... Bref, place aux gimmicks de l'action datée d'un Paul Greengrass des années début 2000 tout en la vidant de son propos.

Au final, on se retrouve souvent à soupirer devant un énième film "Netflix"  qui ne manque des fois pas d'enthousiasme mais qui n'a clairement pas compris l'oeuvre qu'il adapte ( pour ceux qui en doutait encore malgré le dernier trailer utilisant l'instru de Gangster paradise de Coolio, sérieusement les gars ?)

Bon bref, j'imagine que je suis bon pour attendre encore 20 ans pour une bonne adaptation.