C’était honnête mais je suis déçu.
Déçu dans la mesure où, ayant beaucoup aimé le bouquin de Dumas, j’attendais plus de cette nouvelle adaptation qu’un simple film d’aventure historique sympa.
Alors celle-ci reste tout de même la meilleure des désormais six que j’ai vues, et quand même bien même je n’aurais pas – encore – découvert la plus cotée d’entre elles (celle de Richard Lester ?), le simple fait qu’aucune n’ait jusqu’à présent su s’imposer comme l’adaptation définitive du bouquin me fait dire que celle-ci mérite tout à fait d’exister, et pas seulement parce qu’elle a déjà le bon goût d’être tournée en français (je dis cela sans jeter la pierre aux nombreuses adaptations US – loin de moi naturellement l’idée de reprocher aux Ricains d’adapter notre Histoire/littérature à nous, les malheureux n’en ayant pas une très glorieuse).
Cette cuvée 2023 présente surtout un atout de taille en sa distribution : franchement, le casting est absolument impeccable, pour les premiers rôles (que je ne prends pas la peine de citer) comme pour les seconds (Louis Garrel en Louis XIII, Vicky Krieps en Anne d’Autriche, Eric Ruf en Richelieu, Marc Barbé en Tréville) ; même avec carte blanche, je n’aurais pas imaginé mieux ! Là-dessus, c’est nickel. Et globalement, je salue le travail sur les costumes et la reconstitution, ça rend bien et ne fait pas fauché comme le faisait Vaincre ou Mourir le mois dernier (les deux budgets sont incomparables, je sais)…
… mais du coup, pourquoi diable cet étalonnage dégueulasse ? pourquoi ce satané rendu archi-sombre qui sonne comme un cache-misère alors que de toute évidence, il y a ici du fric à l’écran ? Franchement, que ce soient les intérieurs ou les extérieurs, l’image est en permanence noire, marron ou grise, et certains plans tellement sombres que l’on ne voit même pas le visage de l’acteur/perso qui parle (exemple, Marc Barbé qui fait son petit speech au procès de Vincent Cassel) ! Qu’est-ce que c’est triste, franchement…
Et du coup, le film manque vraiment de cette flamboyance visuelle que j’attends d’un film Trois Mousquetaires. Comme il manque globalement de panache et d’iconisation de ses persos. La faute à une mise en scène simplement correcte, sans faute de goût notable certes, mais sans fulgurance aucune non plus. C’est sage, sans vraiment d’identité ni d’ampleur. J’avais bien aimé ses Papa ou Maman 1 et 2 à leur sortie respective, mais c’est vrai que je n’aurais pas songé spontanément à un mec comme Martin Bourboulon pour mettre en scène un aussi ambitieux projet (en tout cas pas sur la seule foi de ces deux petites comédies – pas vu son Eiffel sorti entre temps il est vrai, film qui relevait déjà d’un plus gros dispositif) et je ne comprends pas plus ce choix le film désormais vu. On avait à mon avis des réals bien plus indiqués pour une grosse machine comme ça. Parce que du coup, là c’est con, mais c’est juste sympa, quand avec des ingrédients pareils, on était en droit d’attendre un truc vraiment super.
(Le film n’est pas aidé non plus par sa bande-son affreusement commune, aux sonorités zimmeriennes complètement essorées.)
Après ça va, ça a l’élégance de n’être pas chiant pour un sou (et même un peu rigolo), notamment par son traitement très libre du bouquin, qui rend le visionnage assez ludique pour qui l’a bien en mémoire. Concrètement, le film reprend tous les personnages – majeurs – du bouquin et ses grandes lignes (de sa première moitié, du coup) mais réinvente toutes les péripéties du récit. Je ne rentre pas dans le détail, mais grosso modo, les rôles de chacun sont respectés (pas compris au demeurant pourquoi Porthos était devenu bisexuel) et la « quête » globale aussi, mais autrement le film réinvente toute l’intrigue, à coups d’idées plus ou moins bienvenues, mais globalement dans le ton. Le bouquin étant un pavé, pas exempt de gras d’ailleurs, je ne me formalise pas de cette refonte du récit.
Je déplore toutefois que l’on y perde au passage le sel du roman qu’était cette enivrante – et par moments touchante – ode à la camaraderie, envers et contre tout, qui donnait envie de sortir avec ses copains zigouiller des méchants puis en rire bruyamment une pinte à la main, en imaginant le futur savon que va nous passer le capitaine.
Mais bon, ça se regarde gentiment tout de même.
Et je répondrai présent pour la suite.
(en espérant qu’elle corrige certains défauts de celui-ci – sait-on jamais)