DISCLAIMER : en partie spoiler, il y a un spoil de la saison 9 de doctor who.

Nous étions nombreux parmi mes amis à attendre la suite des aventures d'Athos, Aramis, d'Artagnan (et parfois porthos...) sur grand écran, revisités par Martin Bourboulon et le superbe François Civil qui m'avait conquis dans Le chant du Loup.

Sorti huit petits mois après le premier épisode, trop longtemps pour qu'on se souvienne parfaitement de l'épisode un, trop rapidement pour qu'on l'ait revu, c'est avec des souvenirs brouillons mais exquis du premier film que j'avais vraiment apprécié : je me souvenais qu'il mélait enquête, mystère, amour, jolis plans, costumes magnifiques, personnages très sympas, et rapidement des grandes lignes de l'intrigue, mais sans plus.

Ce deuxième film a le bon gout de nous remettre dans l'intrigue en nous rappelant dès le début les éléments majeurs du premier, et de nous plonger directement dans le vif du sujet après nous avoir ravivé la mémoire. Mais dès la première scène apparait les premiers problèmes : Des facilités scénaristiques (le hasard fait souvent bien les choses dans cette suite), des scènes d'action filmées en caméra épaule trèèès mobiles mais difficiles à lire, des dialogues étranges et des acteurs qui ne jouent pas toujours très très bien.

Les défauts de cette première scène vont rester tout le long du film : François Civil n'est pas extrêmement convainquant à l'écran (il est loin d'être mauvais non plus), le réalisateur abuse énormément de cette caméra épaule mobile et des plans rapprochés, et surtout, certains passages du scénario, notamment ceux voulus tragiques, utilisent très (trop?) souvent le ressort du hasard et ne sont pas très bien écrits.

Commençons par le moins grave, le jeu des acteurs. Eva Green a des dialogues souvent à la limite du cliché, et surjoue souvent son personnage de femme fatale tragique, pas toujours aidée par le texte et l'écriture. François Civil a du mal avec le français du XVIIIe, et c'est un peu drôle de le voir parler avec des mots qu'il ne maitrise pas toujours. La reine Anne d'Autriche joue affreusement mal (désolé Vicky Krieps, qui que tu sois <3 ). Ces trois là mis à part, le reste des acteurs sont très bons (mention spéciale à Pio Marmai et Romain Duris, respectivement dans le rôle de Porthos et Aramis, mais j'y reviendrai). Dommage que ce soit pour deux d'entre eux les personnages qu'on voit le plus à l'écran.

Pour la caméra, je suis loin d'être expert en cinéma, mais, manque de bol, j'ai vu pas mal de films où on se bat à l'épée, notamment un film français de 2023 qui s'appelle "Les trois mousquetaires : d'Artagnan", comprenant des scènes d'action bien plus lisibles que celles ci. Je comprends le choix visuel de vouloir toujours nous faire vivre la scène au plus près des acteurs et de garder les plans fixes pour l'exposition des décors et des personnages, mais poussé à l'extrême, on en vient quasiment à l'écoeurement (pour l'anecdote, en sortant du film, on s'est demandé à quel point ca serait vomitif de voir le film en 4DX...).

Enfin, le scénario. Et c'est ce qui fait le plus mal. Je vais forcément devoir spoiler un peu, mais pour faire court, il y a deux grandes intrigues qui s'entremêlent dans ce film. Une qui est intéressante, bien écrite, mais souvent au second plan derrière l'autre, pas forcément inintéressante de prime abord, mais qui utilise tellement de fois la (mal)chance des personnages comme ressort scénaristiques, et qui fait prendre des décisions absurdes à certains d'entre eux dans le seul but d'amener à une conclusion émotionnelle qui foire à cause de son amorce absurde. Et le plus triste, c'est que c'est même pas l'oeuvre de Dumas qui trace ces lignes, c'est un choix d'auteur pour le scénario du film.

Tout ce qui mène à la mort de Constance est foireux. Bien sûr, je vois l'envie de faire mourir "le seul personnage innocent" par son excès de bienveillance (coucou Clara dans doctor who), mais le ressort scénaristique de "on a confondu avec Milady" est tellement foireux. Le coup des mousquetaires qui arrivent une seconde trop tard, foireux. Et quand Constance meurt, au lieu d'être touché par la souffrance de D'artagnan, on ressent juste la frustration de la connerie des différents personnages présents. En plus, la haine de D'artagnan pour milady n'est même pas justifiée, elle n'est pas responsable de la mort de sa bien aimée dans cette version... Il aurait suffi de la faire tuer par Milady comme dans le livre... L'entièreté de la quête de D'artagnan fait passer au second plan le complot de Gaston (le frère du roi) et l'ambiguité géniale de certains personnages, notamment Richelieu. Quel dommage. Le premier film avait réussi à brouiller parfaitement les pistes entre les gentils et les méchants, et le payoff est vraiment bon, mais quel dommage de le faire passer derrière l'amourette de D'artagnan, et d'utiliser celle-ci pour le résoudre... grâce encore une fois au hasard (merci la lettre de richelieu). Dommage. C'est pas les seules fois où je me suis dit "putain, sacré coup de bol", mais je suis déjà trop long.

Dernier problème : le personnage de milady. Il mériterait une critique à lui tout seul, mais globalement, il n'est pas toujours cohérent et même s'il évite le cliché de la femme fatale, il n'a au final pas tant d'intérêt que ça.

Alors pourquoi une bonne note, un gentil 6/10, devant des défauts qui me démangent à ce point? Pourquoi? Et bien, parce que j'ai aimé ce film. J'ai passé un bon moment. Ca n'est pas un chef d'oeuvre à mon sens, ca n'est pas un très bon film, mais ca reste un bon moment.

La plupart des éléments de suie du premier film ont beau être pas assez traités, ils sont quand même globalement bien traités. La relation entre Athos et sa famille est très intéressante, et il ajoute une vraie partie tragique réussie à ce film qui mériterait même à mon sens plus de temps d'écran. Les costumes sont toujours géniaux, les décors sont plaisants, c'est quand même joli à voir malgré cette caméra hyperactive.

Et surtout, ce film est tellement, mais tellement plus drôle que son prédécesseur. Aramis était déjà mon personnage préféré, c'est maintenant le meilleur personnage du film. Il est à ce film ce qu'Obi-Wan Kenobi est à Star Wars II, et il forme avec Porthos un duo génial. Porthos qui, quoi que toujours trop en retrait, est un excellent comic relief. On pourra regretter qu'il ne soit pas plus, mais il est tellement bien foutu qu'on pardonne le "gâchis" (très grand mot) du personnage.

Pour finir, "Les trois mousquetaires : Milady" se mange assez facilement, sans faim. On ne voit pas les 2h passer, et même si on lève parfois (souvent) les yeux au ciel, on rit beaucoup, on profite d'une intrigue de complot plutôt très bien gérée et on a quelques moments d'émotion plutôt réussis. Dommage que la touche sombre principale du film ne tienne pas debout, vraiment dommage. A quelques détails près, on avait un quasi sans faute sur deux films...

MAIS ON VA AVOIR PROBABLEMENT UN TROISIEME ! Et c'est cool, parce que les deux premiers films sont quand même globalement bons. J'espère qu'on sera plus sur une saga qui prendra le virage de la prélogie star wars que du Hobbit et qu'on aura un 3e film tenant plus de la revanche des Siths que de La bataille des cinq armées

Nemoglobine
6
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le 5 janv. 2024

Critique lue 12 fois

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