Il est des réalisateurs dont les obsessions et les qualités se créent au fur et à mesure de leur filmographie, et d'autres qui dès leur premier long métrage posent tout ça sur la table, annonçant ainsi ce qu'ils feront maturer par la suite.
Hideo Gosha fait définitivement partie de cette seconde catégorie, ainsi on découvre sur Trois samurai hors la loi un cinéma où les puissants, ou plutôt les intermédiaires, ces petits puissants, profitent cruellement et sans la moindre morale des pauvres gens, n'affrontant ainsi jamais leurs responsabilités. Face à cela on retrouve des parias, ici ronin et samurai s'éveillant à une conscience de l'injustice, refusant de jouer ce jeu plus longtemps. Et puis il y a bien évidemment cette mise en scène d'une force inouïe, jouant constamment sur les rapports de forces.
De la même manière que cinq ans plus tard sur Goyokin, la manière de filmer est époustouflante, créant des cadres dans le cadres, cadres évoluant parfois au fur et à mesure de mouvements de caméra utilisant toutes les possibilité du travelling comme d'une profondeur de champs savamment étudiée.
Peut-être pas un Gosha majeur tout de même, mais un premier film des plus impressionnants, coup d'essai déjà très maîtrisé, imposant d’emblée un cinéaste important, autant pour son esthétique et sa mise en scène virtuose que pour ses thématique fortes, politiques et universelles.