Il y a ces films que tout le monde a vu mais qu’on refuse de voir, ou plutôt auxquels on refuse d’accorder du temps parce qu’il y en a tant d’autres à mater à la place. Et puis un jour, on est bien luné et on a le cerveau aux abonnés absents. Là, ça peut être le bon moment. Pour rappel, c’est déjà le 4ème long d’Olivier Baroux de « kadéo ».
La famille Tuche, c’est la famille de prolos qui vit chichement des allocs. Un jour, ils gagnent une fortune au loto et déménagent à Monaco. Là, ils tentent de fraterniser avec les locaux.
Le pitch n’a rien d’extravagant, c’est un mix d’autres pitchs. C’est simple et efficace. Et sans surprise. L’intérêt du film doit être ailleurs. On a droit à un portrait au vitriol d’une famille de beaufs que l’on souhaite nous décrire comme Chtis ou Picards sans oser dire clairement les choses. Touchante ou pathétique pudeur. Dans les faits, l’accent artificiel emprunté par le casting clarifie l’intention. Bon, admettons qu’il soit acceptable de se foutre de la gueule des Chtis. La prochaine fois, je suggère d’essayer avec les Corses. Les Tuches sont aussi des prolos bas de plafond. L’un allant probablement avec l’autre n’est-ce pas. Bon, admettons encore. Enfin tout ça, c’est la réflexion de la première moitié du film. Rendus à Monaco, ces neuneus permettront de décrire en creux la superficialité du mode de vie bling bling. Et au final, les vrais humains, ce sont eux, les Tuches dont tout le monde se moque. Tiens, on l’avait pas vu venir. Au niveau de l’interprétation, c’est too much mais c’est le genre qui veut ça. Dans ce registre, tout ce petit monde s’en sort bien. A la mise en scène, rien à déclarer. Rien à regarder non plus car elle est purement pratique. Bref, dit comme ça, ça semble mauvais. Et pourtant ! Et pourtant, on rit. C’est pas la marrade du siècle mais ça fonctionne mieux que la moyenne des comédies françaises. Parce que c’est trop et c’est assumé comme tel. Au final, cette description d’une famille de Chtis pauvres et idiots se dilue le temps passant alors qu’apparaissent toutes ces valeurs qu’on ne crédite pas sur un compte en banque ou sur un bulletin de notes. Ce sont des gens biens. Facile ? Oui, facile. Mais l’ambition du film n’a jamais été de chercher la nuance alors le contrat est rempli.
En clair, de bonne humeur j’étais, de bonne humeur je suis resté. Voilà une comédie qui fait sa part du job. On regrettera franchement cette ambiguïté quant au mépris (de classe, d’origine, de culture) mais on me répondra que je suis un woke fragile alors soit.