C'est le premier film en couleurs de Cecil B. De Mille qui utilise un Technicolor flamboyant, typique de ces années 40, en même temps que c'est une des oeuvres les plus représentatives du réalisateur, en dehors de ses films bibliques, même si ce n'est pas un grand De Mille, sans doute parce qu'un peu plombé par une romance qui prend trop de place, d'où une durée qui dépasse les 2 heures. En même temps, De Mille n'a jamais réalisé de films à durée courte, même en western ; néanmoins c'est un solide film d'aventure assimilé au genre western, fertile en action, où le faste et l'opulence des moyens servent à véhiculer les valeurs éternelles de l'Amérique.
La police montée canadienne, symbole de la domination britannique au Canada, est ici glorifiée, c'est un véritable hymne à la gloire de cette unité militaire et des Texas Rangers. Le Technicolor donne un superbe rendu de ces tuniques rouges qui tentaient de pacifier des régions sauvages que les tribus indiennes rendaient parfois houleuses. On peut reprocher à ce film quelques situations naïves et son héroïsation souvent appuyée, mais on se laisse emporter par la puissance de la réalisation et la beauté des images filmées au sein de décors naturels magnifiques. Gary Cooper incarne un de ces héros irréprochables dans cette figure de Ranger du Texas, avec son charme naturel, la nonchalance et l'humour à froid qui le caractérisaient, bien entouré par Paulette Goddard, Preston Foster, Madeleine Carroll, Robert Preston, George Bancroft, et Robert Ryan dans un petit rôle. Cooper poursuivra sa collaboration avec De Mille avec le plus réussi l'Odyssée du Dr Wassell et les Conquérants d'un nouveau monde. Un western à grand spectacle comme savait le faire le père Cecil à cette époque, et qui au final n'est pas déplaisant à regarder.