L'histoire aurait été parfaite pour un film de dix ans moins âgé et réalisé par Anthony Mann. Ce dernier aurait certainement exploité à la perfection les extérieurs qui sont magnifiques et on n'aurait pas eu cette vision très paternaliste des Amérindiens qui, visiblement, sont trop débiles pour réfléchir par eux-mêmes et pour s'exprimer autrement que par des phrases du genre "White man not nice", "Trust white man". Mais bon c'est Cecil B DeMille qui l'a réalisé, c'est lui qui l'a réalisé...
Pour la vision paternaliste, je ne vais pas y revenir. Pour les extérieurs, pourquoi filmer 90/100 du film en studio quand on a des extérieurs aussi sublimes, surtout avec un Technicolor aussi beau. A cela s'ajoute le cabotinage de Paulette Goddard (que j'adore d'habitude !) en métisse, qui ruine l'histoire d'amour déchirante qu'a son personnage avec celui joué par Robert Preston (excellent, lui, par contre !), quelques moments de comédie pas très bien amenés (franchement le type qui se plaint que son chapeau a été troué par une balle alors que dans le même temps il y a des dizaines de soldats de la garde montée canadienne qui sont en train de se faire froidement abattre autour de lui, c'est de très mauvais goût !).
Reste que l'ensemble se regarde sans ennui, le rythme filant très bien. Gary Cooper en personnage stoïque, un peu maladroit, qui ne se prend jamais au sérieux, mais qui a de la ressource et de la ruse, impose sans mal sa silhouette charismatique. Et quelques rebondissements sont bien trouvés, notamment celui
par lequel le personnage de Gary Cooper arrive à disculper celui de Robert Preston, accusé de trahison et désertion.
Ah oui, une dernière chose, ceux qui sont allergiques au rouge ne doivent surtout pas regarder ce film parce qu'il y en a sur tous les plans, et pas seulement sur ceux où apparaissent la police montée ; par contre, ceux qui sont fans seront au paradis. Même un film soviétique en couleurs de la fin de l'ère stalinienne fait petit joueur à côté.