Même si aujourd’hui, "les Vacances de Monsieur Hulot" ont le charme additionnel d'être une sorte de documentaire sur les pratiques innocentes de la petite bourgeoisie française de l'après-guerre en vacances, il est toujours frappant combien l'Art subtil de Tati, et en particulier sa science du montage, transforme des lieux communs (les cartes postales, le tube musical de l’été) en pure métaphore cinématographique : quand M. Hulot débarque avec sa pipe, son épuisette et sa distraction, un courant d'air (très frais) souffle sur la France des années 50, et les rituels banals du quotidien deviennent d'improbables aventures, de palpitantes (même si minuscules) épopées. Tati nous fait regarder (et entendre) le monde autrement, et pour cela nous lui en serons éternellement reconnaissants. [Critique écrite en 1987]