Hormis quelques plans à Dinan, le film fut entièrement tourné à Saint-Marc, petite plage de la Loire-Atlantique près de Saint-Nazaire, et reçut de nombreux prix dont celui de la Critique Internationale au Festival de Cannes 1953. C'est avec ce second film que Jacques Tati créait le personnage lunaire de monsieur Hulot en livrant un tableau à la fois savoureux et critique de la France du début des années 50 ; c'est une vision à travers le regard de Hulot, un pays archaïque, conformiste, encore soucieux de hiérarchie sociale, et aux habitudes un peu ridicules. En voulant s'intégrer à ce monde, Hulot déclenche le rire et permet de prendre conscience de ce monde.
S'appuyant sur la pantomime, Tati est le premier grand comique moderne, surtout en France, celui qui a le mieux perçu l'évolution de la société française, tout en comprenant que le langage cinématographique et sa technique avaient changé. Il se base sur un sens aigu de l'observation et en tire sa force, auquel s'ajoute un sens consommé du gag visuel et sonore.
Lors de mon premier visionnage il y a quelques années, le film m'avait réjoui et émerveillé par sa poésie, mais revu très récemment, je m'aperçois aussi des limites du comique de Tati : c'est une suite de saynètes aux gags parfois forcés et téléphonés (comme le seau près du canot ou certains gags avec sa voiturette infernale) ; certains sont franchement très bons, d'autres ont peu d'impact ou sont souvent longuets (la scène des pétards). Le film n'est donc pas pour moi un chef-d'oeuvre absolu, simplement une réjouissante comédie au burlesque représentatif d'une époque.