Ce film est tellement beau, tellement parfait, tellement touchant qu'au départ, je ne savais pas quoi en dire. C'est un film poignant et cruel sur le renoncement de soi, au nom des conventions sociales dans cette vieille Angleterre traditionaliste, et c'est réalisé par le plus British des cinéastes américains qui parvient à sublimer cette chronique par le raffinement de sa mise en scène. Chez James Ivory, tout est clean, un peu rigide, guindé, empesé, suranné et morose, nimbé d'une délicieuse mélancolie ; il le prouve encore magistralement dans ce film à la tristesse refoulée et douloureuse, renforcée par l'osmose parfaite entre les 2 interprètes principaux qui étaient déjà dans le précédent film de Ivory Retour à Howards End. Dans cette ambiance très britannique, sir Anthony Hopkins démontre encore une fois son immense talent d'acteur en faisant preuve d'un jeu contenu absolument bouleversant ; et face à lui, ses partenaires sont portés vers le haut, ils ont envie d'être aussi parfait, c'est ce qu'accomplit Emma Thompson qui est aussi brillante dans son rôle. Un film merveilleux mais qu'il faut voir et déguster dans un état d'esprit un peu spécial, dégagé de tout problème ou inquiétude.