Les Vies de Loulou par JJC

Voici un auteur dont aucun film n’a encore été chroniqué dans ces pages: Bigas Luna. Ce cinéaste espagnol a dû faire flamber quelques caleçons et quelques culottes avec ces chefs-d’oeuvres ultra-chauds que sont “Jambon, Jambon” (1992), “Macho” (1993) ou encore “Son de mar” (2001). “Les vies de Loulou” est dans la même veine : plus sulfureux qu’une poignée d’Almodovar réunis!
Loulou, jeune adolescente, rencontre Pablo, professeur universitaire, avec qui elle couche dès le premier soir, perdant ainsi sa virginité. L’homme devient vite l’instructeur sexuel de la jeune fille, repoussant chaque fois un peu plus loin les limites de cette dernière. Mais au bout d’un moment, Loulou n’en peut plus et quitte Pablo, décidant ainsi de chercher ses repères par elle-même.
Ce film multiplie les situations obscènes, dans le sens où les séquences vont bouleverser le spectateur, le désorienter. Face à un personnage qui se cherche tout au long du métrage, on ne peut rester indifférent. Le crescendo auquel nous assistons d’une part, nous montre une certaine réalité sur la sexualité telle qu’elle peut être vécue aujourd’hui, et d’autre part, nous avertit sur les dangers de s’aventurer trop loin dans l’exploration de ses propres pulsions (voir la dernière partie du film). Toutefois, rien de moralisateur chez Bigas Luna. Le réalisateur essaie simplement de nous dire qu’un juste milieu est difficile à trouver dans la quête de l’indépendance sexuelle.

(critique parue dans le mensuel satirique liégeois "Le Poiscaille" de juillet-août 2012)