Après avoir échappé à des Allemands, un jeune résistant va perdre accidentellement la vue, et il sera hébergé chez une femme acariâtre, dont sa fille va tomber sous son charme. Cette dernière est brisée par sa mère, qui n'arrête pas de la rabaisser, à lui dire qu'elle n'est pas belle. L'arrivée de cet homme aveugle est peut-être l'occasion de vivre une belle histoire.
Les yeux de l'amour est ce qu'on appelle un mélodrame, le genre où l'amour est plus fort que tout. Y compris de la cécité du personnage joué par Jean-Claude Brialy, lequel en fait parfois beaucoup, et de la suspension de crédulité qu'on doit abattre car la fille moche en question n'est autre que Danielle Darrieux, une femme d'une grande beauté. Quant à sa mère un peu en colère, elle est jouée par Françoise Rosay, qui est tout le temps au lit, et Bernard Blier joue le médecin de famille constamment sollicité par cette femme qui croit qu'elle va mourir, alors qu'elle pète la forme. L'histoire est dans un très beau noir et blanc, signe des temps obscurs de la fin de la guerre, mais elle n'est au fond que lointaine, car c'est au fond une histoire d'amour, et la possibilité pour cette vieille fille d'une quarantaine d'années de quitter enfin cette mère qui la rabaisse, qui ne lui rend pas justice.
A noter que les dialogues sont signés Michel Audiard, qui se montre ici plutôt sobre dans les aphorismes, ce qui achève le rendre le film plutôt touchant, même s'il ne lésine pas par moments sur le cabotinage de Brialy, Rosay ou Blier. Mais dire que Darrieux est moche est un crime !