Un divertissement solide et généreux sur un scénario qui me donne l'impression de bâtir une histoire plus que d'en raconter une, bien qu'il s'agisse de l'adaptation d'une nouvelle et que plusieurs scénaristes aient longtemps planché dessus.
Parfois irrévérencieux, ce film, énorme succès dans son pays, frôle les scènes sanglantes, avance avec humour *, taquine le burlesque. Il parle de fraternité/amitié, de traîtrise dont l'embryon se trouve déjà dans les pactes signés où chaque partie rivalise de ruses, de courage et de couardise, d'honneur, des gnons et des morts, d'une révolution tardive, même un peu d'amour...
Le bandit sans pité (J. Wien) vole aux riches pour donner aux pauvres. Il est entouré d'acolytes, désignés par des numéros, auxquels il voue une mâle tendresse. Le survivant de l'attaque du train (Ge You), perpétrée par le précédent, est un baratineur poltron. Le méchant est patelin, fourbe et faux. Ces acolytes sont à son image. Ce personnage (C. Yun Fat) fort soigneux de sa personne a un double pare-balles plutôt simplet (lui-même) – pas assez exploité. Les autres personnages sont à l'avenant. Personnages plein de contrastes dont aucun, au final, n'est détestable.
L'ensemble teinté de bonne humeur permet au spectateur de garder le sourire même au cours des scènes dramatiques (sans pathos). Ce qui atténue les quelques baisses de rythme au cours de la seconde partie.
Les dialogues sont bons, les réparties fusent et les comédiens cabotent un peu ce qui colle à l'atmosphère.
Les acteurs semblent heureux de travailler ensemble. Leur bonne humeur sousjacente et le rire toujours près à éclater de Jiang Wen rajoutent au bonheur de visionnage.
Il arrive à la caméra, pourtant bien maîtrisée à d'autres moments, de ne pas tout à fait regarder là où il faudrait. Il s'agit peut-être d'une volonté que je ne sais comprendre. Le cameraman qui a filmé "Le Soleil se lève aussi" (même réalisateur), est notamment celui de "Epouses et concubines".
L'image est belle, les couleurs parfois saturées collent bien au ton général. Les décors sont soignés.
Rien de ce que je viens d'écrire parle comme il faudrait de ce film. Sa seule introduction vous donnera bien mieux le ton. Et, à mon sens, cette expérience vaut le coup d'être tentée. :)
- chinois bien entendu, dont les codes ne plaisent pas ou perdent certains. Possible que ce soit un point de discorde entre les spectateurs.
Notes : le thème est de Joe Hisaishi. Les droits auraient été achetés (très cher) par les états-uniens.