Ambiancement
Premier film vu dans le cadre de l'Absurde séance, Let Us Prey est une surprise plus qu'agréable pour celui qui n'en attend rien et se révèle un film d'horreur/revenge relativement atypique, bien conduit et bien joué.
Et le générique est chouette.
Un brin poseur, mais ça permet à Liam Cunningham (vous savez, le chevalier à l'oignon dans la série de Game Of Thrones) de dégouliner de badassitude sur la pellicule en s'allumant des clopes à grands coups d'allumettes, en marchant sur la côte écossaise suivi par une horde de corbeaux, en en imposant sévère du haut de son un mètre quatre vingt.
Il est bien charpenté, le bonhomme.
Alors je te parle du générique parce que j'y ai eu le droit trois fois au cours de la séance... Problème de sous-titres, moments gênant pour finalement voir le film tant attendu, trente minutes plus tard. Avec des couleurs qui bavent de partout, bonjour la qualité ciné.
Et malgré ces petits désagréments, je reste sur un sept confiant. Peut-être parce que je me suis laissé entraîner par la bobine à l'ambiance lourde, lourde de tension qui - malgré une intrigue parfois absconse - installe une atmosphère inquiétante sur fond de révélations. La bande-son participe à cette pesanteur, parfois exagérée mais souvent de bon ton.
Sans trop en faire, le gore est bien présent et fait plaisir à l'amateur de tripes, boyaux et de mise à mort sanglante. On apprendra même à se méfier des tables.
Parmi ce casting d'illustres inconnus (hormis l'ami Liam), l'actrice principale Pollyanna McIntosh se détache, nous livrant une interprétation de haute volée, volonté de fer et dureté de façade qui cache le traumatisme d'enfance que l'on devine dans les traits tirés ou les petites phrases assassines de ses collègues.
Car Pollyanna McIntosh - dans le rôle de Rachel Heggie - est affectée dans une petite ville perdue d’Écosse, au sein d'un commissariat où rien ne se passe et où tout le monde dissimule.
L'élément déclencheur : un jeune idiot du nom de Caesar manque de dégommer Rachel lors de sa première patrouille pour finalement rentrer dans un mystérieux vagabond - Liam Cunningham - qui disparaît instantanément.
Retrouvé par une patrouille, puis enfermé, l'énigmatique vagabond semble en savoir beaucoup sur tous les protagonistes qui s'apprêtent à passer une nuit d'horreur.
Le grand intérêt de ce film est cette menace qui vient du type entravé qui s'amuse à manipuler son monde pour mettre leurs âmes à nu, puis à leur faire expier leurs péchés, de préférence dans le sang et les larmes.
Revisitant l'éternel topos du diable collectant les âmes, Brian O'Malley y apporte sa vision - tout le monde ne l'appréciera pas, je fais ici référence à la fin - et délivre une bobine sympathique, bien réalisée, bien joué, ce film irlandais chargé d’Écosse et d'accents roulants devrait vous charmer malgré quelques maladresses, certains personnages caractérisés un peu grossièrement et quelques suspens et artifices scénaristiques grossiers et maladroits.