Derrière le titre Anglais faussement agressif de cette co-réalisation de Kent Cheng et Billy Lau, on trouve en fait une simple comédie d'action de 1992, produit typique de l'industrie cinématographique Hong Kongaise. « Typique » est d'ailleurs un faible mot, tant le film s'applique à respecter à la lettre le cahier des charges classique de ce type de métrage. Il était de toute façon difficile de s'attendre à quelque chose d'original ou d'artistiquement élaboré de la part de Billy Lau, le comique troupier HK par excellence, ou de Kent Cheng, très bon acteur mais réalisateur bien moyen. Le calcul fut probablement payant car, au vu du faible budget qu'a nécessité le film, les 2 millions et quelques de dollars HK ramassés dans l'ex-colonie Britannique cumulé aux recettes à l'internationale ont certainement permis aux producteurs de voir un peu d'argent rentrer dans leurs caisses. Pas besoin d'originalité pour se faire un peu de blé, bien au contraire !

Voyons donc d'un peu plus près toutes ces grandes figures imposées de la comédie d'action à la HK que Lethal Contact suit si bien.

- Deux hommes, une femme : Une seule possibilité.

Inspiré du cinéma US, le cinéma Hong Kongais a vite fait sien les bonnes grosses ficelles du « Buddy Movie » avec ses personnages opposés mais à l'amitié indéfectible. Une formule idéale pour que les acteurs fassent leur petit numéro en se renvoyant la balle. Leurs personnages sont généralement des flics (Tiger On The Beat, Curry And Pepper...) ou des gentils truands (Outlaw Brothers, Carry On Pickpocket), rien qui ne risque d'être trop transgressif. Le grand apport Hong Kongais en la matière, c'est de rajouter une bonne dose de « films de drague » (Hong Kong Playboys, Chasing Girls) à la formule avec une jolie jeune femme à protéger. En général, celle-ci est une ancienne Miss HK ou Asia à qui on ne demande que de faire la belle. Une potiche quoi. Qui a dit que les comédies d'action HK étaient progressistes ?
Lethal Contact applique à la lettre la formule. Kent Cheng et Billy Lau sont les flics inséparables de service, Jaclyn Chu la belle victime à protéger. Le tout étant vaguement structuré autour d'un trafiquant de drogue à abattre, une intrigue passe partout dont on a strictement rien à faire. Originalité ou créativité : 0 pointé.

- Viole la si elle est pas sage (joke inside).

Étant donné que le scénario joue les abonnés absents, la comédie bénéficie d'un maximum de temps de métrage pour montrer sa valeur. A ce niveau, tout dépend du casting et de sa capacité à improviser, bon nombre des gags étant finalisés au moment même du tournage. Faites jouer un Chow Yun Fat ou un Richard Ng et il y a de bonnes chances pour que les zygomatiques aient du travail. Si au contraire, c'est un Nat Chan ou John Sham qui s'y collent, mieux vaut se préparer à une cascade de lourdeur et de non jeu. De toute façon, ces longs segments comique font rarement preuve de finesse : Il est question de viol, d'homosexualités et autres joyeusetés du même genre. Particulier... Mais authentique expression du sens de l'humour local. A chacun d'y choisir ce qu'il aime...
Avec Billy Lau et Kent Cheng comme stars, Lethal Contact ne brille pas beaucoup dans ce département. Chacun joue son personnage habituel : La grande gueule grimaçante pour le premier, le gros flegmatique pour le second. Leur alchimie est médiocre, uniquement basé sur quelques vannes aux relents de café du commerce. Pourtant, le début du film, avec tous ses policiers du matin qui ne s'expriment que par borborygmes, laissait augurer de moments comiques sympathiques. La suite ne fera qu'enchaîner laborieusement les blagues vaseuses.

- Enter the Action Director.

Si la comédie oscille d'un extrême à l'autre dans ce genre de métrages, l'action fait preuve d'une étonnante stabilité qualitative. La raison en est simple. Dans la grande tradition Hong Kongaise, l'action director prend totalement en charge ce type de séquence. Hors, la plupart des chorégraphes de l'époque étaient d'authentiques professionnels, expérimentés et talentueux. Maîtrisant totalement leur art, ils sont en mesure d'offrir des fusillades ou des combats à mains nues électrisant de bout en bout, dans un style découpé et brutal propre aux années 80/début 90.
Ici, c'est le trop sous estimé Tony Leung Siu Hung qui s'y colle. Alors au top de sa productivité, l'homme nous concocte des affrontements extrêmement nerveux et violents. Bien sûr, il ne peut pas faire de miracle avec l'imposant Kent Cheng, le maladroit Billy Lau ou la molle Sibelle Hu mais il contourne le problème par une surenchère d'impacts, de chutes (doublées) et un montage au cordeau. Les puristes martiaux jaseront peut être mais le but de spectaculaire et d'excitation est atteint. Et quand il dispose d'authentiques artistes martiaux, les chorégraphies prennent une nouvelle dimension alliant violence et esthétisme comme seuls les Hong Kongais savent le faire. C'est particulièrement Jeff Falcon qui est à la fête. L'Américain démontre n'avoir rien à envier à ses homologues locaux dans un déchaînement de coups de pieds et de figures acrobatiques à la vitesse phénoménale (même si l'undercranking est passé par là). Lethal Contact est probablement sa meilleure prestation martiale.

- Hong Kong, son port, ses magasins et ses entrepôts.

Les comédies d'action à la sauce années 80/90 sont essentiellement urbaines. L'occasion de passer en revue tous ces lieux tellement typiques, donnant autant de personnalité à l'ancienne colonie que peut le faire la Tour Eiffel à Paris.
Le bon vieux parking : Son ambiance glauque, ses piliers si bien placés pour jouer à cache cache et l'occasion d'une très bonne séquence d'action entre Falcon et Wilson Lam.
La maison des héros : Sentant le faux à des kilomètres avec ses couleurs criardes, ses décorations saugrenues (souvent des portraits gigantesques des acteurs eux même !)... On se croirait plus dans un délire de designer que dans une vraie maison où vivre.
Les boites et autres bars de nuits : Repaire des belles filles comme des truands. C'est aussi l'occasion pour le directeur de la photo de montrer son goût pour les couleurs vives et de faire usage de cadrages malins pour éviter de montrer le manque de figurants trop clairement (il est bien aidé par une machine à fumée marchant à plein régime). Un lieu idéal pour que nos deux héros se bachent entre deux verres tout en gardant un œil sur la jolie héroïne.
L'entrepôt : Servant à stocker les marchandises le jour, les entrepôts se transforment la nuit en de véritables ring pour combats underground. A croire qu'aucun n'a été épargné par ce phénomène tout Hong Kongais. Les touristes les plus curieux pourront certainement trouver des traces de sang dans l'entrepôt qu'ils auront choisi de visiter... Ici, c'est l'occasion d'un final bourrin dans la grande tradition made in HK.

Comédie d'action tout ce qu'il y a de plus typique, Lethal Contact témoigne parfaitement de ce à quoi ressemblait les productions moyennes qui submergeaient les écrans de Hong Kong. Et même si elle se laisse regarder sans trop de problème, on peut comprendre que le public ait fini par se lasser de ces formules réchauffées.
Palplathune
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le 28 févr. 2011

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