Lisa Lisa, sad Lisa Lisa...
Ou comment montrer l'amour au cinéma sous toutes ses formes : l'amour partagé, l'amour inégal, l'amour platonique, l'amour passionné, l'amour à distance, l'amour dans ce qu'il y a de plus noble.
Ce chef d'oeuvre, parce qu'à ce niveau là ça relève plus d'un chef d'oeuvre que d'un simple film nous révèle par la dernière lettre de la jeune Lisa le parcours de ces deux amoureux si diamétralement opposés. Elle est timide, discrète, attachée aux souvenirs et aux symboles, elle semble si fragile et innocente. Elle ne révèle rien, c'est qu'elle n'est pas bavarde notre Lisa Lisa, sad Lisa Lisa. Lui est pianiste, traîne avec des femmes, il est bavard et très sûr de lui, il semble bien trop volage pour être sérieux. Ils partagent tous les deux une chose qu'ils vivront à leur manière : ils s'aiment, et cet amour ils sont les seuls à le comprendre.
Ce qui me plaît le plus dans le film est la capacité du réalisateur, dont c'est mon premier film, à prendre soin de manier chaque détail d'une main de maître. Chaque plan aura son importance plus tard, chaque scène dispose d'angles et de décors absolument exceptionnels. Mr Brand est un grand séducteur et les dialogues entre les deux sont bien écrits et bien ficelés sans aucune fausse note. Cet amour impossible, fait de métaphores fréquentes, transparaît dès lors que les deux sont séparés. Louis Jourdan envoûte totalement la caméra, beau comme un Apollon. Joan Fontaine joue la belle éprise, amoureuse folle et dans l'attente constante à la perfection.
Un film riche qui excelle à tous les niveaux, de par le charisme de ce duo lunaire jusqu'aux paysages, notamment la ballade irréelle dans un lieu enneigé. Complètement sous le charme de cette grande histoire d'amour, passion sublimée pour lui, passion dévorante pour elle, dans cette atmosphère qui retranscrit à merveille comment l'amour peut être vécu des deux côtés.