Les deux premiers longs métrages de Fabio Grassadonia et Antonio Piazza se déroulaient en Sicile et traitaient de la mafia, sous des angles différents, Lettres siciliennes fait de même, d'une manière assez originale, épistolaire comme son titre l'indique, mais dans un cadre de thriller, de corruption et d'enquête policière, plus classique, qui fait s'affronter, à distance, deux des plus grands acteurs italiens contemporains, Toni Servillo et Elio Germano, lesquels, bizarrement, n'avaient jamais été réunis dans un même film. Le ton est celui de la comédie noire, même si suspense il y a, avec deux mafieux de générations différentes, l'un qui collabore avec la police, l'autre qui se cache. Le film, caustique et souvent drôle, montre un petit monde où la méfiance est de mise et où les femmes, si elles n'ont pas le pouvoir, ne se privent pas de commenter et de critiquer les faits et méfaits des hommes auxquels elles sont liées, avec une superbe insolence. Pour être juste, il n'est pas sacrilège de dire que Lettres siciliennes est plus excitant sur le papier que réellement passionnant sur sa longueur, sûrement excessive, et où le message qui proclame que le visage de la mafia a changé, avec la fin des grands parrains, est quelque peu dilué dans une intrigue qui aurait sans doute gagné à être moins dense et complexe.