Un peu déçu de cette Dernière nuit...
Le film démarrait pourtant bien, avec cette jeune Madeleine qui débarque dans une pension à Paris (décor qui me fait invariablement penser à L'assassin habite au 21, la base) et y rencontre un Gabin renfrogné que l'on imagine déjà s'ouvrir progressivement à la jeune femme au fur et à mesure de leur cohabitation/du film. Les deux personnages/acteurs étant agréables et le décor charmant, la première demi-heure est très plaisante à suivre. Tout se passait alors très bien, même si je ne voyais pas trop quelle direction allait prendre l'intrigue, à quel moment est-ce que ça allait déraper, bref : où voulait en venir le film. Puis la révélation (pas franchement étonnante avec le recul, deux passages distincts l'annonçaient, mais je ne les avais pas interprétés ainsi) survient, le drame dans la foulée et le film prend une nouvelle tournure. Que j'ai moins aimée...
Disons que ça va encore la deuxième demi-heure, mais c'est ensuite que le bât blesse : je suis censé accepter que Madeleine est prête à se compromettre pour Gabin, qu'elle connaît pourtant à peine. Alors OK, c'est lui qui lui a mis le pied à l’étrier, et elle lui doit son poste, mais la reconnaissance a tout de même ses limites. Et là j'ai franchement eu du mal à croire que Madeleine puisse s'être amourachée de lui au point de tout risquer pour l'aider à s'en tirer. Il n'y a rien eu entre eux avant cela. Ils se rencontrent, échangent trois ou quatre fois, puis, une fois Gabin plongé dans ses emmerdes, la voilà dévouée à l'épauler. On la savait/devinait certes reconnaissante envers lui mais là je n'y crois pas. Les deux acteurs sont irréprochables (Gabin est d'ailleurs très classe avec sa moustache) mais ne partagent aucune alchimie particulière et le film a pour moi échoué à bâtir en amont les fondations de cet amour – ne serait-il qu'unilatéral – soudain. Et du coup, la dernière demi-heure m'a paru tourner à vide, puisque je n'y croyais pas.
Bref, petite déception. Le film démarrait bien mais se perd ensuite. L'heure et demie m'a du coup semblée longuette. Je lui ai largement préféré l'autre collaboration Lacombe/Gabin que j'ai vue, La nuit est mon royaume. On verra ce que donne la dernière, Martin Roumagnac...