Film de Georges Lacombe réalisé en 1953. Georges Lacombe est un cinéaste plutôt discret bien que sa filmographie révèle des petites perles comme "Le dernier des six", "Martin Roumagnac", "La nuit est leur royaume" et enfin "leur dernière nuit".
Ce sont des films d'atmosphère, plutôt mélodramatiques, bien réalisés et surtout joués avec des acteurs talentueux.
"Leur dernière nuit" raconte l'amour forcément sans lendemain que Madeleine Marsan (Madeleine Robinson) éprouve pour Pierre Ruffin (Jean Gabin). Ces deux êtres qui ont un passé plutôt lourd et qu'on découvre peu à peu, se sont rencontrés dans une pension de famille parisienne. Ruffin rend un service à Madeleine qui est dans une situation personnelle critique. Et quand Ruffin est recherché par la police, naturellement Madeleine n'aura de cesse de rendre la pareille jusqu'à ce qu'ils tombent amoureux.
Ce n'est plus le Gabin, beau gosse d'avant-guerre et ce n'est pas encore tout-à-fait le Gabin des années 60 et plus où on a affaire à l'homme d'affaires ou encore le patriarche. On est en plein dans le Gabin de transition (touchez pas au grisbi, la traversée de Paris). Il n'en est que plus passionnant car l'acteur développe ses personnages dans des tas de directions.
Madeleine Robinson est admirable en femme discrète, meurtrie par la vie mais combattive pour se refaire une nouvelle vie ou pour protéger Pierre Ruffin.
Ce film comme beaucoup d'autres à cette période d'après-guerre font très certainement partie des films que critiquera la Nouvelle Vague qui arrive. "Leur dernière nuit" introduit le spectateur dans cette si sympathique pension de famille, lui permettant de s'approcher des acteurs dont en particulier Ruffin et Madeleine afin de le rendre totalement solidaire des deux personnages. Du grand art. Force est de constater que je me sens bien mieux dans ce genre de film que dans bien des films de la Nouvelle Vague. C'est la revanche de ces films qui racontent une histoire avec des personnages attachants.