A vrai dire, ce n'est pas un cadeau d'avoir essayé d'adapter le beau roman de Nicolas Matthieu. Mais là où le roman offrait une belle fresque sociale chorale, qui regardait tous les personnages avec empathie et absence de manichéisme, le film nous perd sans véritable intrigue et, surtout, en traitant cette jeunesse d'une région désindustrialisée avec force clichés.
Le film est long et il difficile de croire à cette histoire d'amour et les acteurs se débattent. Paul Kircher, magnifique dans le Règne animal, propose ici un jeu monotone, comme si les années n'avaient pas de prise sur son personnage et qu'il reste scotché à 14 ans... Angelina Woreth, magnétique, semble sous exploitée, comme si les auteurs n'avaient pas voulu traiter véritablement le déterminisme social. Ludivine Sagnier, heureusement, vient densifier la narration mais d'autres (comme G.Lellouche) s'embourbent dans des stéréotypes de prolétaires violents et alcooliques. Sayyid El Alami parvient par sa présence à s'extirper de son personnage d'Arabe méchant, parfois dépeint à la limite du racisme.
Idem pour la direction artistique, appliquée mais, elle aussi, un poil caricaturale. Heureusement, il y a une jolie bande son mais ça ne sauve pas l'ensemble, comme si le duo de réalisateurs s'était attaqué à un trop gros morceau...