Leviathan
7.1
Leviathan

Documentaire de Lucien Castaing-Taylor et Verena Paravel (2013)

Une œuvre expérimentale qui déçoit dans le fond mais séduit dans la forme.

Premier long-métrage du tandem composé de Véréna Paravel & Lucien Castaing-Taylor, bien avant qu’ils ne dressent le portrait d’un célèbre cannibale japonais (Caniba - 2018) et qu’ils nous entrainent à l’intérieur du cœur humain (De humani corporis fabrica - 2022).


Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ne nous laissent pas indifférent. La mise en scène dépasse tout ce à quoi nous étions habitués jusqu’à présent. Leviathan (2013) est une immersion dans l’horreur maritime, à bord d’un chalutier où l’on est confronté à la pêche en haute mer, avec toute la violence qui s’en dégage. La puissance des gestes, les vagues qui balancent le navire, la violence des flots et ces immenses filets de pêche qui ramènent sur le navire des tonnes de poissons écrasés les uns contre les autres et asphyxiés (les yeux exorbités).


Intégralement filmé avec des caméras GoPro, ces dernières semblent être disséminés un peu partout sur le navire. Elles sont fixées sur les matelots, en haut des mâts, sur des perches au-dessus de la mer ou à même le sol à hauteur des poissons. Les mouvements des caméras ne font alors plus qu’un avec les hommes et les plans aériens filmés à l’aide des perches jouent littéralement avec les lois de la gravité (et nous désoriente par la même occasion) quand on se retrouve au même niveau que les mouettes ou des étoiles de mer.


Avoir filmé avec des GoPro aura permis aux réalisateurs de pouvoir filmer par-dessus bord, d’être au plus près des éléments (entre les carcasses de poissons et les oiseaux). Le film met en lumière l’horreur que représente ces campagnes de pêche qui se transforment en carnage, en torrent d’hémoglobine et où le travail à la chaîne déshumanise les hommes.


Sur les 150 heures de rushs, il ne subsiste que ces 90 minutes, conférant au film un côté surréaliste. Sans le moindre dialogue, les images se suffisent à elles-mêmes, face à la monstruosité des Hommes et la dureté que représente le travail en mer. Les cadavres qui jonchent le pont du navire, les chairs, les yeux globuleux, les écailles, les entrailles, les hommes qui s’affairent et les mouettes qui se repaissent. Une immersion comme rarement il nous aura été donné l’occasion d’en voir.


Une œuvre expérimentale qui déçoit dans le fond mais séduit dans la forme.


http://bit.ly/CinephileNostalGeekhttp://twitter.com/B_Renger

RENGER
4
Écrit par

Créée

le 15 juin 2023

Critique lue 8 fois

RENGER

Écrit par

Critique lue 8 fois

D'autres avis sur Leviathan

Leviathan
guyness
7

Mâles de mer

Appel du barge Etendue noire victimes Bastingage tragique Tirage de chasses déchets Eclats de canette rutilante Moitiés de cadavres Accrochés au pont Refus de retourner au fond Troupeau de...

le 10 févr. 2014

26 j'aime

9

Leviathan
drélium
5

Mer nature

Au bout d'une heure, il y a un plan fixe en plongée sur le pont du bateau qui montre clairement ce qui s'est passé avant, lorsque t'étais jeté par terre, à la place d'un poisson mort, suspendu à la...

le 15 févr. 2014

18 j'aime

8

Leviathan
BenoitDumeunier
8

Critique de Leviathan par BenoitDumeunier

Lucien Castaing Taylor et Verena Paravel, deux artistes et anthropologues du laboratoire d’ethnographie sensorielle d’Harvard, ont abordé ce projet dans l’intention de faire un documentaire sur le...

le 3 févr. 2013

15 j'aime

Du même critique

Mad God
RENGER
8

30ans de tournage devant lesquels on hallucine bouche-bée devant le résultat.

Second long métrage pour le magicien des effets-spéciaux, après avoir apposé sa patte et sa légende sur bon nombre de films culte ou qui ont marqués toute une génération (La guerre des étoiles -...

le 21 juin 2022

36 j'aime

Monty Python - Sacré Graal !
RENGER
2

Armez vous de patience, c'est ce que vous avez de mieux à faire.

Premier long-métrage pour l'équipe des Monty Python où ils réalisent avec Monty Python, sacré Graal (1975) une comédie lourde, exaspérante et extrêmement vide. Certains gags sont beaucoup trop...

le 5 mai 2011

27 j'aime

18

Ready Player One
RENGER
2

Grosse désillusion, de la SF chiante à mourir

Une belle grosse désillusion le dernier Spielberg. Moi qui l'attendais avec une certaine impatience. Son grand retour à la SF, à grands renforts de coups marketings, je suis tombé dans le panneau et...

le 20 mars 2018

21 j'aime

25