Si je t'aime, prends garde à toi

Beaucoup voient ce film comme un avertissement de choc pour les maris tentés par l'adultère. Je le vois surtout comme un tragique malentendu amoureux et un drame sur la solitude. Même si Michael Doulas est beaucoup plus présent à l'écran que Glenn Close, c'est le personnage d'Alex qu'on retient et qui hante le générique de fin. Ce n'est pas pour rien si le film fait référence à plusieurs reprises à Madame Butterfly. Alex est obsédée par cet opéra et se comporte en tragédienne d'opéra, allant jusqu'à tenter de se suicider.

Un film remarquablement construit et magnifiquement interprété, encore très efficace 37 ans après sa sortie et qui ne mérite pas le mépris et les moqueries dont lui et Adrian Lyne ont toujours été victimes.

Partant d'un scénario simplissime, Lyne a su construire un remarquable crescendo anxiogène, en prenant son temps (le film dure presque deux heures) et en alternant les longs moments de calme avant la tempête et les bouffées de violence de plus en plus graves et choquantes d'Alex (Glenn Close).

Ce crescendo doit l'essentiel de sa force à Glenn Close, exceptionnelle en louve blessée déchirante et terrifiante. Et de son côté, Lyne a parfaitement utilisé la beauté étrange et inquiétante du visage anguleux de l'actrice.

Tout le casting est excellent : Michael Douglas dans un rôle très antipathique, Ann Archer dans le rôle de la douce épouse trompée, l'épatante petite fille et même l'adorable labrador.

Sans être évidemment du même niveau que "L'Echelle de Jacob", il fait tout de même partie des bons films d'Adrian Lyne.