Albert Serra cherche à instaurer une ambiance d'étrange malaise dans cette forêt ou on suit des libertins pendant plus de 2 heures. Sur ce point-là c'est parfait, les dialogues entre les personnages exposent clairement toute la dépravation de ces individus qui cherchent la jouissance à travers des fantasmes toujours plus glauques. La lenteur, le ton et le vocabulaire soutenu ajoutent à ce malaise assez unique au cinéma.
Placer des aristocrates décadents dans une forêt lugubre ou tous les vices sont permis ajoute à l'étrange du film et au dégoût qu'il instaure.
La ou le film pèche, c'est dans la longueur assumée des scènes qui, non-contentes de nous donner l'impression d'être dans cette forêt, finie par lasser en proposant rien d'autre que de voir des arbres avec quelquefois un aristocrate se masturbant.
J'avais lu que ce film pouvait choquer, mais en vérité aucune scène n'est vraiment marquante (bien que certaines prêtent à sourire). Nous avons plutôt un film qui cherche à créer une fascination morbide chez son spectateur, mais sans réussir à instaurer le dégoût absolu qui pousse parfois à prendre une pause. En cela, le film ressemble à un mauvais Sade.
Ce film à pourtant toutes les qualités pour devenir culte, mais le manque d'audace dans les scènes violentes ou sexuelles laissent comme une impression d'inachevée, comme si le film se freinait constamment et que les personnages ne faisait qu'exposer des fantasmes douteux sans jamais sauter le pas.
On s'attend pourtant à chaque instant à ce que tout ce joyeux bordel dégénère, bien que le film, comme ses personnages, ne s'éloigne jamais de ses propres sentiers.
Impossible de recommander sérieusement ce film à quelqu'un ne connaissant pas l'œuvre du marquis, impossible aussi pour un initié de réellement l'apprécier. Il n'en demeure pas moins que pour les dialogues, l'environnement, l'ambiance (et parce que c'est Albert Serra) ce film est assez unique.