Pour un peu, la scène d'ouverture où Libera (Claudia Cardinale), vêtue d'une subversive robe rouge et invectivant les miliciens fascistes, nous ferait sourire. Plus tard, ses fréquentes disputes avec son mari, beaucoup plus prudent vis à vis du régime mussolinien, entretiennent l'accent de la comédie de moeurs dont Mauro Bolognini crée l'illusion au début du film.
Mais le fascisme étant ce qu'il est, les dix années qui suivront jusqu'à la défaite nazie, seront des années dramatiques pour Libera. Sur ce fond historique, le cinéaste brosse le portrait d'une jeune femme et mère de famille rebelle que son hostilité rageuse au fascisme conduira à intégrer la résistance aux côtés des partisans.
A travers le destin de cette femme dont Bolognini se refuse à faire une héroïne, au sens romanesque du terme, le réalisateur décrit par l'anecdote le malheur de l'Italie des années 30 et 40 et sa condition sous la poigne de Mussolini. Au milieu de la tourmente, la fidélité de Libera à ses idées démocratiques autant qu'à son mari font du personnage de Claudia Cardinale une figure attachante, intense et vraie.
Bolognini réalise un film pas complètement abouti mais utile et sincère.