Ca casse pas trois pattes à un canard. Robert Taylor, monolithique, à trop de gomina dans les cheveux. La belle, qui aurait très bien pu ne pas être là ça n'aurait rien changé à l'histoire, à l'air trop âgée par rapport à son soupirant rempli de testostérones. Et enfin : John Cassavetes, au regard déjà très habité et au jeu acidulé comme un zeste de yuzu, est un peu vert dans son jeu et coincé par la rigidité d'une réalisation qui le castre...
Le rythme est hachuré par des enchaînements soporifiques. Les personnages manquent de nuances. La réalisation aplatit le scénario à tout bout de champ, surtout dans les scènes d'intérieures. Les dialogues sont parfois maladroits et trop démonstratifs. Les maisons, le saloon, la ville semblent tous conçus à l'économie. On a du mal à y inscrire la vie d'une communauté qui paraît se restreindre à une dizaine de margoulins.
Mais le scénario est écrit par Rod Serling (accompagné de 2 comparses), celui qui créera deux ans plus tard la série "La quatrième dimension - The Twilight Zone". Il ne m'en faut pas plus pour lui accorder toute ma complaisance. Et comprendre aussi pourquoi on nous offre dans ce petit film une scène toute en nuance sur les rancoeurs et les plaies laissées par la guerre de sécession.
On sent bien là les fixations de Rod Serling qui fera de ce thème l'une de ses sources d'inspiration récurrente. La guerre et les trauma qui en résultent vont représenter un certain nombre d'épisodes de sa futur série d'anthologie.
Joli petit film que je surnote certainement par admiration pour son scénariste (qui ne fait pas ici son meilleur job) et Parrish qui n'a pas l'air de s'amuser tant que ça derrière sa caméra. Mais, je suis magnanime parfois... ou presque !